Manque de dignité
On connaît toutes les circonstances ignobles dans lesquelles le dernier empereur des Français a dû finir sa vie et l'on a vu dans des articles précédents (article 1, article 2, article 3) combien le gouverneur, son geôlier, Hudson Lowe avait fait preuve d'une rigueur démoniaque pour restreindre le plus possible la liberté de Napoléon à en devenir malade lui-même (article 4).
Dans sa biographie de Napoléon intitulé Napoléon. La Dernière Phase (Napoleon, the Last Phase), l'homme politique britannique et historien, Archibald Primrose (5e Comte de Rosebery) dépeint le gouverneur avec une impitoyable sévérité.
Il n'est pas de nom dans l'Histoire aussi malencontreux que celui d'Hudson Lowe. Sa malchance voulut qu'il accepta une position où il était difficile à quiconque et à lui de réussir. C'était un homme à l'esprit étroit, ignorant, irritable, sans l'ombre d'un tact.
Lowe était persécuté par une sorte de monomanie de conspiration et d'évasion. Il était méticuleux jusqu'à la folie. Son manque de tact est à peine croyable. Il est clair qu'il était absolument déplacé dans un poste qui demandait du discernement et de la délicatesse. Je suis obligé d'ajouter que Lowe n'était pas ce qu'on appelle un "gentleman" dans la meilleure acception de ce mot. Lowe était donc un choix déplorable
Wellington lui-même a un jugement sans appel, même s'il avait d'autres raisons de lui en vouloir.
C'était un choix déplorable. Il manquait à la fois d'éducation et de jugement, c'était un sot.
Mais si Hudson Lowe a fait preuve d'énormément de zèle dans sa tâche, il n'a fait qu'exécuter à la lettre les ordres qui lui étaient transmis et les vrais coupables sont les membres du gouvernement britannique de l'époque. Lord Rosebery le déclare d'ailleurs dans sa biographie.
Il ne serait pas juste d'imputer à Lowe et à Cockhurn la responsabilité de ces ignominies, ils ne faisaient qu'exécuter à la lettre et de façon grossière une sordide et brutale politique. Le grand coupable fut le gouvernement anglais, dont la conduite fut absolument dépourvue de dignité .
Pour le tact et la convenance, lord Balthurst, sous-secrétaire d'Etat des Colonies d'Angleterre, rivalisait avec Lowe. Il ordonna de rogner sur le budget, déjà maigre de l'empereur et de ses compagnons décide qu'aucune lettre ne peut lui parvenir que par l'intermédiaire du gouverneur; il envoie d'Angleterre une grille pour clore solidement l'enceinte dans laquelle Napoléon est autorisé à se promener, etc.