Les Colbert-Chabanais

04/01/2017 20:07

Auguste François-Marie, baron de Colbert-Chabanais (1777-1809)

Il n'est pas rare de voir dans l'épopée napoléonienne des fratries entières s'engager dans le combat et se couvrir de gloire. On pense bien sûr d'abord aux frères Caulaincourt avec l'aîné, Armand Augustin Louis, 5e marquis de Caulaincourt, 1er duc de Vicence, général et diplomate français de la Révolution et de l’Empire; et son jeune frère, Auguste Jean-Gabriel de Caulaincourt, général de division, mort au champ d'honneur à la bataille de la Moskowa, lors de l'attaque de la grande redoute. Suite à la mort du général Montbrun tué dans une charge, un boulet lui ayant fracassé le corps, l'Empereur le fait remplacer par le jeune Caulaincourt comme commandant du 2e corps de cavalerie qui réussira à prendre la dite redoute.

Mais une autre fratrie célèbre est un peu moins connue, il s'agit des frères Colbert-Chabanais.

Il y a d'abord l'aîné, Pierre David Édouard de Colbert-Chabanais, baron de Colbert et de l'Empire, qui fut  général de division. Il est surtout connu pour avoir commander la phalange d'élite des lanciers rouges, surnommés les écrevisses, le 2ème régiment de chevau-légers lanciers de la Garde impériale. Il en est leur commandant depuis la campagne de Russie et le sera à nouveau lors de la campagne de Belgique en 1815, au début de laquelle il hésite à rejoindre Napoléon pour finalement s'y résoudre. Lorsqu'il reparaît aux Tuileries, l'Empereur lui dit d'un ton glacial:

Général Colbert, il y a trois jours que je vous attends.


Pierre David, dit Édouard, de Colbert-Chabanais (1774-1853)

Il combat le 18 juin à la bataille de Waterloo où il est blessé à la tête des 1er et 2e escadrons formant avec les chasseurs à cheval du général Lallemand la cavalerie légère de la Garde impériale commandée à cette occasion par le général Lefebvre-Desnouettes.

 

Le second frère est Louis-Pierre-Alphonse de Colbert-Chabanais, général de brigade. Il est connu pour avoir commander le 12e régiment de hussards en Espagne. Lors des Cent-Jours, il se rallie à Napoléon et est affecté à la division Subervie du corps de cavalerie de Pajol qui combattra à Ligny et à Waterloo comme son frère.


Louis-Pierre-Alphonse de Colbert-Chabanais (1776-1843)

 

Le cadet de la fratrie se nomme Auguste François-Marie de Colbert-Chabanais, et fut également général comme ses frangins, mais son sort fut différent de ses aînés car il fut tué au combat.


Auguste François-Marie, baron de Colbert-Chabanais (1777-1809)

Il était connu pour avoir été le commandant du 10e régiment de chasseurs. Il se distingua à Elchingen, à Ulm et à la bataille d'Austerlitz. Il s’illustra ensuite à la bataille d'Iéna où il effectua plusieurs charges efficaces sur l’infanterie ennemie. En 1808, il est envoyé en Espagne sous les ordres du maréchal Bessières puis sous Lannes. Mais sa brillante carrière va bientôt toucher à sa fin. Le 3 janvier 1809, il prend part au combat de Cacabelos, où l'arrière-garde de l'armée britannique du général Moore repousse les attaques françaises. Faisant une reconnaissance avec quelques tirailleurs d'infanterie, il reçoit une balle en plein front et s’écroulant se serait écrier (nous disons serait car vu la longueur de la tirade, on a du mal à croire qu’une personne recevant une balle en plein front puisse encore parler si longuement, mais laissons-lui la parole une dernière fois):

Je suis bien jeune encore pour mourir; mais au moins ma mort est celle d'un soldat de la grande armée, puisqu'en mourant je vois fuir les derniers et les éternels ennemis de ma patrie!

Tout comme Lasalle à la veille de Wagram et Bessières à celle de Rippach, Colbert avait eu l'avant-veille le pressentiment de sa fin prématurée. Au moment où l'Empereur lui promettait de hautes destinées, il lui avait répondu :

Dépêchez-vous, Sire, je n'ai que trente ans, il est vrai, mais je suis déjà bien vieux.

L’ennemi qui l’a tué est le tireur d’élite Thomas Plunkett du 95th rifle qui, grâce à sa fameuse carabine Baker (voir article), avait fait mouche à la distance phénoménale pour l'époque de 550m. Son aide-de-camp, Latour-Maubourg subira le même sort en essayant de venir à son secours. Le jeune général avait à peine 31 ans.

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Frank Grognet Nivelles
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