Nous avons vu dans un article précédent comment le Général Exelmans sur les ordres du Maréchal Davout a donné une dernière victoire aux aigles impériaux à Rocquencourt au premier jour de juillet 1815.
Mais à côté de la grande Histoire qui illustre les livres de nos petites têtes blondes, il y a l’histoire humaine individuelle, parfois plus cruelle encore.
Les vingt escadrons de dragons et de hussards du Général Exelmans viennent de sortir de Versailles dans un bruit d'enfer pour poursuivre le Prussien. Le boulevard est jonché de cadavres; des blessés gémissent.
Le garde national du bureau de l'octroi local, M. Fasmann, est seul à son poste quand tout à coup, il voit un dragon français se précipiter au galop, brandissant son sabre, vers un hussard prussien démonté et blessé. S’enfuyant péniblement, le hussard essaye de trouver refuge, mais le dragon l’a déjà rattrapé et s'apprête à le pourfendre. Devant l’issue fatale, le hussard blessé se jette à genoux devant le cavalier français et implore sa pitié.
Spectateur de la scène malgré lui, M. Fasmann s'interpose en tentant de protéger le soldat prussien et apostrophe son compatriote belliqueux:
Espèce de brute! Tu ne vas tout de même pas commettre l'infamie de tuer de sang-froid un blessé qui te demande merci!
Mais le dragon n’en a cure et il veut venger à tout prix la mort de ses camarades. Il abaisse alors énergiquement son sabre et le passe au travers de la poitrine du Prussien!
Illustration de la scène