Les coucous impériaux

05/03/2017 16:09

Nous avions vu dans un précédent article que Napoléon avait été confronté au dur dilemme de devoir choisir l’animal devant représenter son règne. Il opta finalement pour le majestueux aigle et la laborieuse abeille.

L'oiseau de Jupiter était associé depuis l'antiquité aux victoires militaires, et plus particulièrement à celles de la Rome impériale, mais il fut également utilisé par les rois de Germanie, Charlemagne l'employa au sommet du mât de ses navires ainsi qu'au-dessus de son palais d'Aix. C’est donc logiquement que l’on retrouva les aigles impériales au sommet de la hampe des drapeaux des régiments de l'armée impériale française.

En héraldique, l’aigle est du genre féminin, on dit donc des aigles impériales et non pas impériaux ! On la représente par défaut de face, pattes et plumes de queue écartées, ailes ouvertes et plumes déployées (on dit vol éployé) et tête de profil, regardant à dextre, comme il se doit pour tout animal héraldiquement correct. Ses pattes sont dégarnies, ressemblant donc plus à un faucon de chasse qu'à un aigle naturel, qui a les pattes couvertes de plumes jusqu'aux serres.

Pour distinguer la nouvelle aigle française des aigles de l'empereur des Romains et d'Autriche, de l'empereur de Russie, du roi de Prusse et même des États-Unis d'Amérique, on dessina une aigle romaine, empiétant un foudre, les ailes baissées, en un style naturaliste fort peu héraldique. Les armoiries de la France impériale (1804-1814, 1815 et 1852-1870) portaient ainsi en leur milieu un écu d'azur à l'aigle. Sa description héraldique est la suivante: d'azur, à l'aigle d'or, la tête contournée, au vol abaissé, empiétant un foudre du même. L'aigle impériale est dite essorante car elle est posée de profil et entrouvre ses ailes comme pour prendre son essor. Sa tête de profil regarde à senestre, ce qui est contraire à l'héraldique classique, c'est pour cela que l'on dit que la tête est contournée.


Armorial de l'Empire

Pour l'aigle devant trôner au sommet de la hampe des drapeaux impériaux, c’est le sculpteur Chaudet qui la sculpte en 1804. La réalisation en bronze plein doré est confiée au célèbre bronzier Thomire. C’est au Champ-de-Mars quelques jours après le Sacre que la distribution des drapeaux surmontés de ces aigles se fit solennellement.


La Distribution des Aigles par Jacques-Louis David (1810, Salle du Sacre du Château de Versailles)

Mais les soldats jugèrent le poids du volatile un peu excessif et en 1811 il est décidé d'en réduire le poids. Les aigles seront désormais creuses et réalisées par l'assemblage de deux plaques soudées. Mis à part les rares aigles capturées par l’ennemi lors de confrontations passées, la plupart des aigles impériales seront soit fondues à la fin de l'Empire ou brisées pour éviter d'être rendues. Au retour de l'île d'Elbe, les hampes des drapeaux arborent des piques et pas encore des aigles. Un grenadier décide alors à la hâte de sculpter modestement une aigle en bois doré, l'épopée continue! Mais elle fut de courte durée...

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Frank Grognet Nivelles
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