Piètre chasseur

10/07/2016 18:05

La chasse a été jusqu'il y a peu un privilège réservé aux souverains et aux nobles. C'était une sorte de jeu réservée à une élite et qui permettait également de montrer à ses invités toute sa puissance et sa richesse. 

Le XIXe siècle ne déroge pas à la règle et la noblesse d'Empire se prêta volontiers à ce divertissement. J'ai eu l'occasion d'aller visiter le superbe château de Grosbois en région parisienne qui appartenait au Maréchal Berthier et qui possédait un domaine giboyeux particulièrement vaste.

Nous savons que Napoléon n'aimait pas la chasse et n'était de plus pas un grand chasseur (voir article précédent). Il participait à ce genre de divertissement plus par obligation que par plaisir. Il participait à la chasse à courre avec ses équipages de vénerie dans les forêts de Compiègne, Fontainebleau, Saint-Cloud et Rambouillet.


Napoléon en habit de vénerie (Aquarelle de Patrice Courcelle)

On sait de plus qu'il n'aimait pas le fusil de chasse à deux coups mais lui préférait un simple fusil. On rapporte également que Napoléon était un piètre tireur comme en témoigne son officier Elzéar Blaze dans ses mémoires (La vie militaire sous l'Empire):

Napoléon, lorsqu'il tenait une carabine à la main, il manquait un bœuf.

Lors d'une partie de chasse à courre, ses veneurs avaient réussi à isoler un cerf qui était tenu en respect par les chiens. Ces derniers savaient qu'il était impératif que Napoléon soit présent à l'hallali c'est-à-dire au moment où l'on annonce par un cri ou par le cor que la bête est prête à succomber. Mais ni lui ni ses officiers supérieurs n'étaient là et déjà plusieurs chefs étaient mis hors de combat par le cerf. Il était hors de question que les piqueurs tuent la bête en l'absence de l'Empereur. Mais le temps presse et l'Empereur est introuvable. Un piqueur décide alors de tuer la bête. Mais à peine le cervidé abattu que l'on voit poindre la troupe de cavaliers avec l'Empereur.

Ah! mon dieu, nous sommes perdus, voilà l'Empereur!

Bah! il n'y connaîtra rien; s'il en sait plus que moi sur certaines choses, ici je pourrais lui en montrer.

Et voilà l'homme coupant deux bouts de bois robuste en forme de fourchette sur lesquels il vient déposer le cerf tout en veillant à lui donner une apparence de vie. Napoléon apparaît sous les aboiements des chiens. Descendant de cheval, il saisit sa carabine, vise l'animal et tire... tuant le meilleur chien de la meute.

Sire, le cerf est mort!

À qui le dites-vous?

Et il remonte à cheval et s'éloigne.

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Frank Grognet Nivelles
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