Intraitable Lasalle
Antoine Charles Louis, Baron de Lasalle est un officier de cavalerie hors pair qui a fait la gloire de la cavalerie impériale. Il est connu comme le commandant de la fameuse brigade infernale constituée de hussards qui a été jusqu'à provoquer la rédition d'une garnison entière de plusieurs milliers d'hommes avec seulement 500 hussards (voir anecdote sur la reddition de Stettin).
Mais ce que l'on sait moins c'est que l'officier a collectionné les succès féminins jusqu'à rencontrer sa future femme, Joséphine Jeanne d'Aiguillon, jeune femme d'excellente famille et épouse divorcée de Léopold Berthier, frère du futur Maréchal qu'il marie le 5 décembre 1803.
Mais avant de se fixer, Lasalle est l'archétype du hussard de cavalerie légère: magnifiquement équipé, follement élégant, engloutissant des fortunes au jeu et pour la splendeur de son uniforme, multiplie les dettes et les duels, séduit les femmes et ridiculise les maris.
Ainsi il faut relater ici l'épisode rocambolesque survenu lors de la première Campagne d'Italie où Lasalle n'est encore qu'un simple capitaine.
il se bat à Vicence en Vénétie, où à la tête de seulement dix-huit cavaliers, il charge et met en déroute une centaine de cavaliers autrichiens. Dans l'élan fougueux de la poursuite, il se retrouve isolé de ses soldats et cerné par quatre de ceux qu'il poursuivait et qui le somment alors de se rendre. Il les combat, les repousse, les blesse tous les quatre, et arrivé sur les bords de la Bacchiglione, s’y précipite, la traverse à la nage, et rejoint sain et sauf sa petite troupe qui le croyait perdu.
Mais l'épisode que nous voulons relater ici est plutôt de type amoureux.
En effet, il entretient une relation amoureuse avec la Marquise de Sali, qui habite Vicence. Mais la ville tombe aux mains des Autrichiens et sa belle se retrouve de l'autre côté des lignes ennemies. Qu'à cela ne tienne, Lasalle n’hésite pas un instant et décide avec quelques hussards de la rejoindre en traversant les lignes ennemies. Une fois sur place, il cache discrètement sa troupe et court rejoindre sa marquise. Une fois l'affaire promptement faite, il rejoint ses lignes en bousculant au passage plusieurs Autrichiens et en libèrant leurs prisonniers tout en s'emparant en prime de neuf chevaux. Il se présente à son retour à Napoléon Bonaparte pour lui communiquer de précieux renseignements militaires sur les positions de l'ennemi.
Une telle audace sidère Bonaparte qui ferme les yeux sur l'incartade et le nomme sur-le-champ chef d'escadron. Quelques jours plus tard, Lasalle sera l'un des principaux artisans de la victoire de Rivoli, ayant pratiquement à lui seul obtenu la reddition d'un bataillon de six cents Autrichiens. Au soir de la bataille, Bonaparte, qui le voit épuisé, lui désigne un entassement de drapeaux pris à l'ennemi et lui dit (voir anecdote sur Lasalle à Rivoli):
Couche-toi dessus, tu l'as bien mérité.
On connait la suite, en 1809, à la bataille de Wagram, isolé, il est tué d'une balle en pleine tête par un grenadier hongrois en retraite. La mort du général en entraîna une autre, plus inattendue. Celle de la belle marquise de Sali pour l'amour de laquelle il avait douze ans plus tôt bravé la garnison autrichienne de Vicence. Restée très attachée à son souvenir, la marquise, en apprenant sa mort, ne put surmonter son chagrin et s'empoisonna.