Expressions usuelles
Il est souvent ardu de connaître avec précision l'origine de certaines expressions françaises et il faut avouer qu'à tort ou à raison plusieurs sont liées à l'épopée napoléonienne ou à la Révolution.
Tirer le bon numéro - avoir de la chance.
Cette expression fait référence à la conscription qui a été mise en œuvreà la fin du XVIIIe siècle, lors de la Révolution vu qu'auparavant le service militaire n'était pas obligatoire. Quand la nation était en danger, tous les hommes en âge de se battre entre 18 et 40 ans étaient susceptibles d'être choisis pour aller combattre. Ce système bénéficiait aux plus riches, car si certains d'entre eux ne voulaient pas aller se battre au risque de revenir estropié ou périr, ils avaient la possibilité de se faire remplacer moyennant finances. Mais cette pratique fut vite jugée scandaleuse et un système de tirage au sort fut mis en place en 1798. Un bon numéro permettait au jeune homme de ne pas partir, alors qu'un mauvais numéro le faisait partir en guerre. Dans ce cas, il restait quand même la possibilité de payer entre 400 et 900 francs à un éventuel remplaçant. Cette pratique dura jusqu'en 1905.
En anglais, tirer le bon numéro se dit draw the lucky number (tirer le numéro chanceux) alors que tirer le mauvais numéro se dit draw the short straw (tirer la courte paille).
Saoûl comme un Polonais - ivre mort
L'expression qui suit a pour cadre la fameuse bataille de Somosierra où le 3e escadron du régiment des chevau-légers polonais s'est illustré (voir article précédent). Lorsque les Polonais prirent les batteries espagnoles dans le défilé de Somosierra, Napoléon eut une réflexion qui allait poursuivre les pauvres Polonais pour toujours:
Il fallait être saoul comme un Polonais pour faire ce qu'ils ont fait.
En anglais, l'expression devient as drunk as a lord (aussi saoul qu'un seigneur).
Impossible n'est pas français - rien n’est impossible
Nous avons ici deux origines possibles de l'expression.
La première a encore pour cadre l'exploit de Somosierra, où le général Piré, après avoir fait reconnaître le défilé par la la cavalerie française revient vers l'empereur et lui dit: Impossible, Sire !
Ce à quoi Napoléon lui aurait répondu: Impossible, impossible, je ne connais pas ce mot là!
La seconde origine possible est liée au siège de la ville de Magdebourg en 1813 quand le Général Le Marois signala par écrit à l'empereur qu’il ne pourrait tenir plus longtemps la ville. Ce à quoi Napoléon lui aurait répliquer: Ce n’est pas possible, m’écrivez-vous : cela n’est pas français.
Le général de Caulaincourt reprendra cette expression dans ses mémoires et elle sera finalement popularisée par le célèbre écrivain français Honoré de Balzac dans ses Maximes et pensées de Napoléon.
En anglais, l'expression est plus banale there's no such word as can't (il n'y a pas de mot comme ne peut pas ou mieux traduit le mot impossible n'existe pas).
Être au coude à coude - être très proches dans une compétition. Signifie aussi une entraide, un soutien réciproque, le fait de se tenir les coudes
Certains prétendent que cette expression viendrait des soldats de l'infanterie napoléonienne. En effet, à l'époque, les formations de soldats étaient très compactes pour s'assurer que les hommes gardent la cohérence des rangs et une masse compacte d'attaque suffisante. Ainsi un soldat évoluait dans un espace d'à peine 1m2 ayant tout proche de lui ses camarades d'infortune. Donc être au coude à coude signifiait s'entraider de par le fait que l'on étaient très proches les uns des autres, coude contre coude, pour affronter la mort.
En anglais, l'expression devient to be neck and neck (être au cou à cou) ou parfois aussi to be shoulder to shoulder (être épaule contre épaule).