Trahison de Bourmont
Louis Auguste Victor de Ghaisne, comte de Bourmont, était en 1815 un général français servant dans l'Armée du Nord lors de la campagne de Belgique.
Surnommé le Renardin, il soutint les premiers mouvements chouans dans l'ouest de la France lors des insurrections de 1795 à la tête d'une armée de royalistes. Battu, il est contraint à l'exil en Suisse. Royaliste convaincu, il participe encore à la troisième chouannerie (1799-1800).
Après la paix signée par les généraux chouans et l'avènement du Premier Consul, Bourmont se marie, mais refuse de céder aux sollicitations de Napoléon lui offrant le grade de général de division, il est alors déclaré suspect. Après l'attentat de la rue Saint-Nicaise, il n'est pas accusé mais considéré comme royaliste refusant de se rallier au gouvernement. Arrêté sur ordre de Fouché, il est enfermé mais, après 3 années de captivité, parvient à s'échapper pour rallier le Portugal où il se mettra sous les ordres de Junot après le débarquement des Britanniques.
Revenu en France mais toujours suspect, il est éloigné en Italie sous les ordres de Eugène.
Durant les campagnes de 1813 et 1814, il reçoit la croix de la Légion d'honneur pour son bon comportement lors de la bataille de Dresde. Nommé général de brigade après la bataille de Lützen, il participe ensuite à celle de Bautzen. Il se dépense sans compter en octobre à la bataille de Leipzig. En février 1814, il résiste pendant deux jours dans Nogent-sur-Seine contre 20.000 Autrichiens, ce qui lui vaudra enfin le grade de général de division.
Après le retour de l'île d'Elbe, bien que royaliste et ancien chouan, il se rallie à Napoléon tant qu'il ne combat pas explicitement les Bourbons. Il obtient alors le commandement d'une division du corps d'armée commandé par le Général Gérard. Mais Bourmont fait partie des 320 militaires qui refusent l'Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire qui prononce la déchéance des Bourbons. Dès ce moment, son unique but sera de quitter l'armée impériale et d'aller rejoindre son roi Louis XVIII à Gand.
Au matin du 15 juin 1815, la veille de la bataille de Ligny, la 14ème division que commande le Général Comte de Bourmont marche en tête de colonne du IVème corps commandé par le Général Gérard. Près de Florennes, Bourmont fait arrêter sa division. Prétextant une reconnaissance, lui et son état-major galopent plus avant avec un escadron de lanciers. A distance suffisante des lignes françaises, il renvoie les lanciers avec une missive pour son commandant en chef expliquant les raisons de son passage à l’ennemi et garantissant qu’aucune information ne sera donnée qui pourrait porter préjudice à l’armée française composée d’hommes qu’il aime. Arborant alors la cocarde blanche des Bourbons, il rejoint avec son staff les lignes prussiennes toutes proches où il sera accueilli par le Colonel Schutter puis par le Général Zieten commandant le Ier corps prussien. Les historiens pensent qu’il n’a pas pu fournir d’informations pertinentes sur les plans de Napoléon étant donné qu’au moment de sa désertion, il n’avait pas encore reçu ses ordres.
Le vieux Feld-maréchal Blücher, 73 ans, mis au courant de sa traitrise, ne lui adressa pas la parole, indigné qu'un général puisse déserter à la veille d'une bataille. Quand on lui fit remarquer que Bourmont portait la cocarde blanche, le vieux soldat s'emporta:
Qu'importe la cocarde, un jean-foutre sera toujours un jean-foutre !