La bataille d'Heilsberg a vu s'affronter la Grande Armée aux Russes le 10 juin 1807 durant la campagne de Pologne. Ce fut une victoire française malgré que les Russes aient pratiquement le double d'effectif des Français. Napoléon anéantira définitivement l'armée russe 4 jours plus tard dans les plaines de Friedland mettant fin à la campagne et par le fait même à la Quatrième Coalition.
Vu le surnombre russe, les combats furent acharnés, mais grâce à l'ardeur légendaire des troupes françaises, plusieurs régiments ennemis furent mis en déroute.
Un régiment de cuirassiers se mit particulièrement en valeur ce jour-là. Il s'agit du 6e régiment commandé par le Colonel Archange-Louis Rioult d'Avenay qui faisait partie de la réserve de cavalerie du Maréchal Murat dans la 3e division de Grosse Cavalerie du Général Jean-Louis-Brigitte Espagne et dans la brigade du Général Nicolas Reynaud.
À la revue des troupes devant ses commandants, le colonel présenta son sabre tout dégoulinant de sang:
Prince, faites la revue de mon régiment, et vous verrez qu'il n'est aucun soldat dont le sabre (*) ne soit comme le mien.
L'intrépide colonel sera nommé général de brigade 15 jours plus tard. Fait baron d'Empire en janvier 1809, il mourra au champ d'honneur des suites de ses blessures cinq mois plus tard, lors de la bataille de la Piave le 8 mai 1809, la cuisse emportée par un boulet.
(*) un cuirassier dispose d'une épée à un seul tranchant ou sabre rectiligne, elle était aussi communément appelée la latte. La forme parfaitement rectiligne de sa lame était étudiée pour frapper d'estoc c'est-à-dire avec la pointe. En revanche, si la latte est à l'origine mal adaptée pour frapper de taille, les lattes de l'armée française et de l'armée prussienne possédaient une capacité de coupe non négligeable, chose qui est totalement absente des lattes anglaises par exemple. La longueur de la lame faisait pratiquement un mètre (97,5 cm).
