Moche Hoche

17/04/2017 22:10

Né en Martinique en 1763, Marie-Josèphe Rose Tascher de La Pagerie épouse à quinze ans le Vicomte Alexandre de Beauharnais qui lui donnera deux enfants: Eugène, le futur vice-Roi d'Italie, et Hortense, la future Reine de Hollande et mère de Napoléon III. La révolution éclate et Alexandre qui est général en chef de l'armée du Rhin ne parvient pas à secourir Mayence et il est aussitôt accusé de trahison, arrêté et incarcéré à la prison des Carmes. Sa femme le suivra rapidement.  Elle tentera vainement de secourir son mari qui sera finalement guillotiné.

Mais la jolie créole ne reste pas très longtemps éploré et tombe dans les bras du beau général Lazare Hoche qui devient son amant dans les geôles de la République. Lorsque que Robespierre tombe et que la Terreur s'arrête, ils sont tous les deux libérés. Alors qu'elle lui demande de divorcer pour l'épouser, lucide, le général lui rétorque:

Vous épouser? Pour rien au monde, Grand Dieu! On peut bien faire passer un moment une catin pour sa maîtresse, mais non la prendre pour femme.

Dans ses mémoires, Barras, qui fut aussi son amant, parle également de cette liaison en soulignant que la belle ne se contentait pas seulement du général, mais couchait avec son aide de camp et d’autres en passant.

Elle rencontrera finalement quelques temps plus tard, un autre général qui la fera devenir la première impératrice des Français comme lui avait prédit la diseuse de bonne aventure dans sa jeunesse aux îles.


Détail du tableau Portrait du Général Louis-Lazare Hoche (1768-97) de François Gérard

Hoche quant à lui n'a plus que 3 ans à vivre, mais il va les utiliser à bon escient en pacifiant l'ouest de la France, en tentant une expédition en Irlande et en se couvrant finalement de gloire avec l'armée de Sambre-et-Meuse lors d'une campagne éclair en Allemagne où il remporte coup sur coup 5 victoires d'affilé. Il est finalement arrêté dans sa lancée par la paix de Loeben signée par un certain Bonaparte. À seulement 29 ans, il tombe subitement malade dans les premiers jours de septembre 1797, et meurt dans de cruelles douleurs, et en s'écriant:

Suis-je donc revêtu de la robe empoisonnée de Nessus (*)?

Son autopsie révèlera dans ses intestins de nombreuses taches noires, il était atteint de la tuberculose.

(*) Hoche fait ici référence à la mythologie grecque, et plus particulièrement l’épisode entre Héraclès et le centaure Nessus où le port de la tunique de ce dernier tua le premier. On fait référence à cette épisode pour parler d'un cadeau empoisonné ou plus rare pour mentionner une douleur vive, inextricable, à même la peau.

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Frank Grognet Nivelles
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