Pas la Marseillaise!

04/06/2017 12:37

A chaque événement officiel dans la France républicaine, on entend systématiquement entonner le fameux hymne national français, La Marseillaise. Il fut créé sous la Révolution française par Rouget de Lisle.


Rouget de l’Isle chantant La Marseillaise par Isidore Pils (1849, musée historique de Strasbourg)

En lisant attentivement ses paroles, on constate qu'il s'agit bien d'un chant révolutionnaire tant ses paroles sont crues et mettent en valeur la lutte contre la tyrannie et la défense des peuples. En voici les paroles exhaustives, mais seul le premier couplet et le refrain suffisent à comprendre:

Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats?
Ils viennent jusque dans vos bras.
Égorger vos fils, vos compagnes!

Aux armes citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons

Que veut cette horde d'esclaves
De traîtres, de rois conjurés?
Pour qui ces ignobles entraves
Ces fers dès longtemps préparés?
Français, pour nous, ah! quel outrage
Quels transports il doit exciter?
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage!

Quoi ces cohortes étrangères!
Feraient la loi dans nos foyers!
Quoi! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fils guerriers!
Grand Dieu! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres des destinées.

Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis
Tremblez! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix!
Tout est soldat pour vous combattre
S'ils tombent, nos jeunes héros
La France en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre.

Français, en guerriers magnanimes
Portez ou retenez vos coups!
Épargnez ces tristes victimes
À regret s'armant contre nous
Mais ces despotes sanguinaires
Mais ces complices de Bouillé
Tous ces tigres qui, sans pitié
Déchirent le sein de leur mère!

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre!

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs!
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire!

En réalité, Napoléon n'aimait pas La Marseillaise et lui préférait un autre chant révolutionnaire Veillons au salut de l'Empire. On pourrait imaginer que les paroles le heurtaient un peu étant donné qu'elles s'opposent à la tyrannie d'un seul homme... Il est toutefois cocasse de se rappeler que le dernier carré de la Garde à la bataille de Waterloo a quand même chanté La Marseillaise interdite. Voici les paroles du choix de l'empereur:

Veillons au salut de l'empire,
Veillons au maintien de nos lois ;
Si le despotisme conspire,
Conspirons la perte des rois !
Liberté ! (bis) que tout mortel te rende hommage !
Tremblez tyrans ! vous allez expier vos forfaits !
Plutôt la mort que l'esclavage !
C'est la devise des Français.

Du salut de notre patrie
Dépend celui de l'univers ;
Si jamais elle est asservie,
Tous les peuples sont dans les fers.
Liberté ! (bis) que tout mortel te rende hommage !
Tremblez, tyrans ! vous allez expier vos forfaits !
Plutôt la mort que l'esclavage !
C'est la devise des Français.

Ennemis de la tyrannie,
Paraissez tous, armez vos bras.
Du fond de l'Europe avilie,
Marchez avec nous aux combats.
Liberté ! (bis) que ce nom sacré nous rallie.
Poursuivons les tyrans, punissons leurs forfaits !
Nous servons la même patrie :
Les hommes libres sont Français.

Jurons union éternelle
Avec tous les peuples divers ;
Jurons une guerre mortelle
À tous les rois de l'univers.
Liberté ! (bis) que ce nom sacré nous rallie !
Poursuivons les tyrans ; punissons leurs forfaits!
On ne voit plus qu'une patrie
Quand on a l'âme d'un Français

 

Lors de la Restauration, les nouveaux rois de la France vont également et logiquement supprimer La Marseillaise constituant un danger pour la monarchie réinstaurée, le chant devient séditieux et est donc interdit.

Sous le Second Empire, Napoléon III va lui aussi la proscrire et essayer de la remplacer par le chant Partant pour la Syrie, mais dés la guerre Franco-prussienne de 1870 démarre, les soldats opteront à nouveau pour La Marseillaise. Voici les paroles de ce chant dont la musique fut composée en 1807 par la mère du futur Napoléon III, Hortense de Beauharnais, et les paroles de Alexandre de Laborde.

Partant pour la Syrie,
Le jeune et beau Dunois,
Venait prier Marie
De bénir ses exploits :
Faites, Reine immortelle,
Lui dit-il en partant,
Que j'aime la plus belle
Et sois le plus vaillant.
Il trace sur la pierre
Le serment de l'honneur,
Et va suivre à la guerre
Le Comte son seigneur ;
Au noble vœu fidèle,
Il dit en combattant :
Amour à la plus belle,
Honneur au plus vaillant.
On lui doit la Victoire.
Vraiment, dit le seigneur ;
Puisque tu fais ma gloire
Je ferai ton bonheur.
De ma fille Isabelle,
Sois l'Epoux à l'instant,
Car elle est la plus belle,
Et toi le plus vaillant.
À l'Autel de Marie,
Ils contractent tous deux
Cette union Chérie
Qui seule rend heureux.
Chacun dans la chapelle
Disait en les voyant :
Amour à la plus belle,
Honneur au plus vaillant
.

C'est finalement à la fin des années 1870 pour que La Marseillaise devient définitivement l'hymne de la république conquérante et triomphante.

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Frank Grognet Nivelles
Belgique
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