Let's go!

16/04/2017 16:48

Parlons une fois de plus de la fameuse bataille de Trafalgar.

Cette décisive victoire est intimement liée au légendaire Horatio Nelson, amiral de sa très gracieuse majesté. Hormis sa bravoure et son sens aigu de la tactique navale, Nelson est aussi resté dans les esprits anglo-saxons comme l'auteur de la fameuse maxime:

England expects that every man will do his duty
(L'Angleterre attend de chacun qu'il fasse son devoir)

En effet, alors que les flottes ennemies allaient s'affronter au cap de Trafalgar, Nelson veut galvaniser ses hommes et fait hisser, par la méthode de communication des pavillons de l'époque, ce message qui deviendra par la suite historique.


Transcription de la signification des pavillons en code de Popham

Le signal a été transmis en utilisant le code de pavillon connu sous le nom de Telegraphic Signals of Marine Vocabulary (Vocabulaire de signaux télégraphiques de la Marine), conçu en 1800 par le contre-amiral Home Riggs Popham et basé sur les livres de codes créés plus tôt par l’amiral Richard Howe. Ce code assignait un pavillon particulier à chaque chiffre, de 0 à 9. Des combinaisons de 1, 2 ou 3 pavillons donnaient le numéro, attribué au mot ou groupe de mots, à lire dans le livre de code. Chaque navire de la Royal Navy disposait d’un exemplaire de ce code. Ce livre avait une reliure lestée de plomb pour pouvoir le jeter par-dessus bord en cas de capture.

Les pavillons sont censés être hissés, groupe après groupe, en haut du grand mât, avec le pavillon télégraphique pour indiquer que les signaux sont ceux du code de Popham. Le mot duty n’étant pas dans le livre de code, il a ainsi dû être épelé dans l’alphabet utilisé par ce code, les lettres I et J sont confondues, U et V sont inversées; ce qui explique que T est la 19e lettre et U la 21e.

Le message entier a exigé 12 envois successifs de pavillons ! L’émission aurait pris environ quatre minutes. Une équipe de quatre à six hommes, menée par le Lieutenant Pasco, aurait préparé et hissé les drapeaux depuis le navire amiral HMS Victory de Nelson. Le message révèle une des limites du code de Popham: même le mot à deux lettres  do  a exigé trois pavillons. Une large acclamation se fit entendre lorsque le signal eut été transmis ; elle fut répétée dans toute la flotte.

Après la victoire qu'il signera de sa vie, l'appel de Nelson est resté célèbre dans le vocabulaire anglo-saxon.

Mais le signal a rapidement commencé à être incorrectement cité. Un certain nombre de bateaux dans la flotte ont enregistré dans leur livre de bord le signal England expects every man to do his duty. Alors que le message original mentionne will qui exprime un consentement, le to exprime quant à lui l’obéissance à un ordre. Cette dernière version deviendra si répandue qu’elle sera gravée autour de la base de la Colonne Nelson de Londres et sur le tombeau de Nelson dans la cathédrale Saint-Paul de Londres.


Tombeau de Nelson à la cathédrale Saint Paul de Londres

Ce signal est encore levé sur le HMS Victory en cale sèche à Portsmouth chaque année le 21 octobre, jour anniversaire de la bataille de Trafalgar. Même  Napoléon Ier a demandé une traduction française, La France compte que chacun fera son devoir, afin qu’elle puisse être montrée sur les navires français. En 1905, à la fameuse bataille de Tsushima, l’amiral japonais Heihachirō Tōgō, qui avait été formé par la Royal Navy, signala à sa flotte:

Le destin de l’Empire dépend de la bataille d’aujourd’hui: que chaque homme fasse son maximum.

Au niveau culturel, on retrouve l’expression populaire un peu partout et des générations d’écoliers anglais ont dû l'apprendre au même titre que la bataille d'Hastings (1066) ou encore que le Blitz (1940). Charles Dickens et Lewis Carrol la citent dans leurs oeuvres. Aujourd’hui, une version abrégée de l’expression (England expects…) est souvent utilisée par les médias, particulièrement à propos de l’espoir de victoire des équipes sportives anglaises. La célèbre expression est même utilisée dans la fameuse bande dessinée belge de Edgar P. Jacobs Le Secret de l’Espadon de la série Blake et Mortimer.


Extrait d'une planche du Secret de l'Espadon de Edgar P. Jacobs

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Frank Grognet Nivelles
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