Les malheurs de Napoléon

04/03/2017 16:29

Sans déclaration de guerre préalable, Napoléon envahit, le 24 juin 1812, la Russie en franchissant le Niémen avec plus de 500.000 hommes venant de 22 nations différentes. Le 14 septembre, la Grande Armée est à Moscou, mais elle découvre une ville désertée par tous ses habitants. Les soldats commencent alors à se livrer à des pillages mais dès le lendemain des incendies multiples se déclarent dans toute la ville.

Sur ordre du Comte Fédor Rostopchine, gouverneur général de la ville, les Moscovites ont été chassés vers les forêts des alentours, les pompes à eau évacuées au loin et des repris de justice russes ont été extraits de leurs prisons avec mission d'incendier la ville en échange de leur liberté. Construite pour l'essentiel en bois, toute la ville s'embrasse. Sur un total de 9500 édifices, 7000 brûlent en tout ou partie. À la vue de l’incendie de Moscou, une des filles du gouverneur, Sophie, âgée de 13 ans dira:

J'ai vu comme une aurore boréale sur la ville.


Le grand incendie de Moscou de 1812 par Ivan Aivazovsky (1817-1900)

Bien que cet incendie contribua en partie à la déroute de la Grande Armée, les Russes ne pardonnèrent pas au gouverneur d’avoir pris une telle décision, car cet incendie avait réduit en cendres de somptueux édifices, de nombreuses églises, œuvres d’art, etc…

Fédor Rostopchine est disgracié par le tsar et préfère s’exiler seul avec un domestique. Il séjourne en Pologne en 1814, puis en Allemagne, en Italie et, enfin, de manière assez cocasse, en France en 1817. Dans tous ces pays, il est accueilli en héros, sauveur de la monarchie.
Il fait venir alors sa famille à Paris: sa femme Catherine Protassov, ancienne demoiselle d'honneur de Catherine II, et ses huit enfants : Sergueï (1796-1839), Nathalie (1797-1866), Sophie (1799-1874), Pavel (1803-1806), Maria (1805), Elizabeth (1807-1825), Mikhaïl (1810) et Andreï (1813-1882).

Deux ans plus tard, âgée de 17 ans, sa seconde fille, Sophie, rencontre un certain Eugène de Ségur, petit-fils du Maréchal de Ségur, qui fut ambassadeur de France en Russie. Il est le neveu du Général Philippe de Ségur, aide de camp de Napoléon qui avait failli mourir dans l’incendie de Moscou. C’est donc comme cela que la fille du gouverneur russe qui avait incendié Moscou devient la fameuse Comtesse de Ségur née Rostopchine, célèbre femme de lettres française !


Sophie Rostopchine, Comtesse de Ségur (1799-1874)

Sa vocation fut très tardive mais particulièrement réussie car elle n’écrivit son premier livre qu’à plus de cinquante ans. Ses œuvres principales sont bien connues des petites filles :

  • Les Nouveaux Contes de fées (1856)
  • Les Malheurs de Sophie (1858)
  • Les Petites Filles modèles (1857)
  • Les Vacances (1858)
  • Comédies et proverbes (Ségur) (1865)
  • Un bon petit diable (1865)
  • L'Auberge de l'Ange gardien (1863)
  • Le Général Dourakine (1863)
  • Après la pluie, le beau temps(1871)

Quelques anecdotes sont liés à la comtesse.

Sa généalogie remonte aux khans mongols de la Horde d’or et à la famille de Genghis Khan.

Son mari Eugène la surnommait la mère Gigogne en référence à un personnage de théâtre de 1602, une énorme femme de la jupe de laquelle une foule d’enfants apparaissent. En effet, elle délaissait les mondanités parisiennes au profit son château où elle reportait toute son affection sur ses enfants et, plus tard, ses petits-enfants. Le personnage de la dame Gigogne ou mère Gigogne, est issu des contes et des pièces bouffonnes du théâtre forain, en faveur en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle représente l'image de la fécondité inépuisable, renouvelant sans cesse le genre humain.

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Frank Grognet Nivelles
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