Les beaux geais

08/01/2017 15:18

Le maréchal Berthier était l'ombre de Napoléon. Major-général du grand quartier général impérial, il était la personne qui exécutait au mieux les ordres de l'empereur. Infatigable travailleur, toujours prêt et impeccable pour son souverain, il savait aussi s'entourer de personnes de qualité.

À ce titre, ses aides de camp venant d'anciennes maisons aristocratiques desquels il exigeait une tenue impeccable, une bonne éducation et de très bonnes manières. On les surnommait les geais ou les beaux car ils arboraient un uniforme chatoyant et rutilant dessiné par le célèbre peintre Louis-François Lejeune, qui deviendra plus tard général et fut aussi parmi eux. Selon les Mémoires de la duchesse d'Abrantès, les maréchaux Augereau, Lannes et Lefebvre les trouvaient trop muscadins pour se battre. Ce terme faisait référence aux jeunes royalistes de 1794 qui arboraient une élégance recherchée.


Général de brigade Lejeune, ADC de Berthier d'après Jean-Urbain Guérin (musée de Versailles)

Parmi ces beaux, on trouvait entre autres Louis-François Lejeune, Alfred de Noailles, de Septeuil, Louis Sopransi, Anatole de Montesquiou-Fezensac, Edmond de Talleyrand-Périgord, Armand Charles Louis Le Lièvre de La Grange, Pierre David de Colbert-Chabanais, Charles de Flahaut, Charles-Tristan de Montholon ou encore Frédéric de Pourtalès.

Le service que ces gentlemen exécutait n'était pas toujours de tout repos et il devait parfois payer de leur personne pour faire leur devoir. Ils traversaient des champs de bataille, sous la mitraille, pour aller délivrer un ordre important à un chef d'unité et ils le payèrent parfois de leur vie.

Ainsi Alfred de Noailles tomba à la Bérézina sous les coups des Cosaques. Muni d'un ordre du prince de Neuchâtel, il discutait avec le colonel Marbot, commandant le 23e chasseurs, lorsqu'une charge de la cavalerie russe fondit sur eux. Le cheval d'Alfred de Noailles s'effondra et l'on vit des Cosaques s'emparer de lui et le rouer de coups avant de l'emporter. Dans un ultime effort, le 23e essaya de le libérer mais en vain et on n'entendit jamais plus parler de lui.

Le jeune colonel de Septeuil, ayant rejoint l'armée de Portugal en 1811, participa à l'indécise bataille de Fuentes de Oñoro où son cheval frappé par un boulet eut les deux épaules emportées et lui perdit une jambe.

Jules de Canouville eut la tête emportée par un boulet à la bataille de Smolensk en août 1812.

Beaux et sachant mourir avec panache...

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