L'anéantissement du 14e de ligne

27/07/2015 23:02

Le dimanche 8 février 1807 au matin, le 7e corps de la Grande Armée du Maréchal Augereau est établi au centre du dispositif de la Grande Armée à proximité de l’église et du cimetière d’Eylau ; le 14e de ligne était placé au début de la bataille en soutien de l’artillerie à cheval de la Garde impériale en position près de l’église d’Eylau, il subit ses premières pertes lors de la canonnade déclenchée par les Russes dès le matin. Le Général Binot ayant eu la tête emportée par un coup de boulet au cours de cette première phase de la bataille, le Colonel Henriod assume par intérim le commandement de la brigade et Daucy celui du 14e de ligne.
L’Empereur ayant décidé peu après 10 h du matin de créer une attaque de diversion sur le centre de l’armée russe pour soutenir l’action du 3e corps de Davout sur le flanc gauche de l’armée russe, ordre est donné à Augereau de lancer à l’attaque ses deux divisions d’infanterie, Général Desjardin et Général Heudelet, le 14e de ligne formant l’avant-garde de la division Desjardin.

Les combattants du 14e de ligne marchant à l’ennemi sous une tempête de neige si épaisse qu’on ne distinguait pas à deux pas et qui aveuglait les Français. Le 14e de ligne partit à l’attaque, ayant à 200 pas sur sa gauche les 44e et 105e de ligne. Plus avancé, il se trouve plus exposé au feu d’une batterie russe de 72 canons couvrant les assaillants de mitraille et de boulets. Le régiment venait de renverser la première ligne de l’infanterie russe lorsqu’un biscaïen fracturant la partie inférieure de l’aigle du 1er bataillon la jeta sur la 5e compagnie. Le sergent-major porte-drapeau venant d’être blessé, le capitaine de la 5e compagnie confia l’aigle à un brave de sa compagnie. Le carré du 14e, immédiatement entouré sur trois de ses côtés par la cavalerie et l’infanterie russes, n’aurait pas été entamé, si des fuyards d’un autre corps n’étaient venus se réfugier dans son flanc gauche ainsi devenu accessible à l’ennemi. La mêlée devint générale et les 16e léger et 44e de ligne, déjà en retraite en ce moment, ne laissant plus de points d’appui, les officiers du 14e rallièrent les deux drapeaux sur les dernières compagnies du 2e bataillon et leur donnèrent ordre de se porter rapidement en arrière sur le 105e régiment. Les drapeaux arrivés sur le flanc droit du 105e, un coup de mitraille tua le soldat porteur de l’aigle du 1er bataillon. Un grenadier du 105e la ramassa et la remit au Colonel Habert du 105e de ligne. Le Capitaine Grémillon du 14e de ligne, témoin de cet accident, suivit ce grenadier et obtint du Colonel Habert la restitution de cette aigle.

Il convient d’évoquer également l’héroïque résistance des survivants du 14e de ligne, encerclés par l’infanterie et la cavalerie russes et regroupés sur une butte sous les ordres du Chef de bataillon Daucy qui, ne voyant aucun moyen de les sauver, aurait confié l’aigle du 2e bataillon au Capitaine Marbot, aide de camp d’Augereau, ajoutant qu’il serait trop pénible en mourant de le voir tomber aux mains de l’ennemi. Les survivants seront submergés et annihilés par une dernière attaque menée par le régiment de grenadiers de Pavlov.

Bilan :
Le 14e de ligne a déploré la mort de 26 officiers, 24 tués et deux blessés mortellement. Ils sont tous roturiers et pour la plupart d’entre eux sortis du rang et engagés volontaires dans les premières années de la Révolution. Il faut ajouter 59 sous-officiers et 333 hommes de troupe soit au total 418 victimes.

Le 14e de ligne est le régiment de la Grande Armée ayant eu les plus lourdes pertes à Eylau mais il faut aussi signaler qu’il n’a pas été anéanti.

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Frank Grognet Nivelles
Belgique
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