La plus grande charge de cavalerie de l'histoire
Comment s'imaginer la plus grande charge de cavalerie de l'histoire jamais réalisée lors d'une bataille. Elle prit place lors de la fameuse bataille d'Eylau durant la campagne de Pologne en 1807 lorsque Murat prit la tête de 80 escadrons pour mettre en déroute les Russes d'Alexandre Ier.
Mais revenons à la situation qui a amené cette bataille épique.
L'armée de l'Empereur vient de triompher de son ennemi prussien après lui avoir infliger les cuisantes défaites de Iéna et Auerstaëdt. Il faut maintenant se retourner contre l'ogre russe. Durant six mois les troupes de l'Empereur vont marcher et prendre en chasse l'ennemi russe pour mieux le détruire afin d'obtenir la paix. Celui-ci s'est replié en bon ordre derrière la Vistule où Bennigsen, le commandant en chef des armées russes, a conçu un plan démoniaque, visant à couper l'armée française en deux. Celle-ci s'étend de la Baltique à Varsovie, avec Lannes et Murat en pointe.
Mais en ce mois de décembre 1806, les Français ignorent tout de la position réelle de l'ennemi. C'est le hasard qui fera découvrir par les éclaireurs du 54ème régiment d'infanterie du Maréchal Ney les feux des bivouacs russes aux abords de la petite ville de Preussisch-Eylau qui va bientôt entrer dans l'histoire. Près de 10.000 rescapés prussiens des batailles de Iéna et Auerstaëdt se sont joints aux troupes de Bennigsen. La grande bataille va bientôt commencer...
Napoléon se présente devant les Russes et les Prussiens le 7 février. Il conquiert la ville rue par rue et maison par maison. Le 8 février il faut encore prendre le cimetière d'Eylau, qui deviendra par la suite tristement célèbre. Pour ce faire, l'Empereur envoie la division du Maréchal Augereau, mais une soudaine tempête de neige aveugle les Français qui obliquent et se font décimer par la mitraille russe, les forçant à battre en retraite. A quelques kilomètres de là, Napoléon voit la crise se profiler et crie à Murat:
Nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là?
Il n'en faut pas plus au meilleur cavalier français, surnommé le Roi Franconi car il portait toujours des uniformes extravagants en référence au nom du cirque le plus célèbre de l’époque, pour rapidement réunir tous les cavaliers disponibles et les lancer dans la fournaise. On parle ici de 80 escadrons qui vont s'élancer soit entre 8.000 et 11.000 cavaliers selon les sources! C'est la plus puissante charge de cavalerie de toute l'Histoire.
Prenant la tête de cette meute de cavaliers, le maréchal hurle les ordres de la charge:
Garde à vous pour charger!
Sabre à la main!
Au trot....Marche!
Approchant de l'ennemi, les officiers et sous-officiers donnent les derniers ordres avant le choc:
Au galop...Marche!
Chargez!
Les divisions de cavalerie qui ont pris part à cette gigantesque charge sont les suivants:
- la division de cuirassiers d'Hautpoul composée des brigades Verdière et Saint-Sulpice: 1er, 5e et 10e régiments de cuirassiers
- la division de dragons du Général Grouchy composé des brigades Roget, Milet et Broussart: 3e, 4e, 6e, 10e et 11e régiments de dragons
- la division de dragons du Général Beaumont composée des brigades Boyé, Marizy et La Tour-Maubourg: 5e, 8e, 12e, 16e, 19e et 21e régiments de dragons
- la division de dragons du Général Louis Sahuc composée des brigades Margaron, Laplanche et Anon: 17e, 18e, 19e et 27e régiments de dragons
- une partie de la division de cavalerie de la Garde comprenant les Grenadiers à cheval
Les ennemis sont écrasés, et battent en retraite. Mais la situation n'est pas finie pour autant : Bennigsen fait donner la Garde russe et attaque celle de Napoléon. Les cavaliers impériaux, déjà épuisés par la charge folle qu'ils viennent d'effectuer, n'entendent pas les appels incessants de l'infanterie française. Soudain, on attend au nord le canon tonner. C'est le Maréchal Ney, ayant parcouru avec ses hommes 79 kilomètres la veille, qui est à présent sur le champ de bataille. Bennigsen donne l'ordre de la retraite. Il s'enfuit à l'aube du 9 février 1807, laissant derrière 20.000 morts et disparus. Napoléon, malgré tout vainqueur, a perdu 12.000 hommes, dont huit généraux.
C'est la première victoire à la Pyrrhus de l'Empire. La bataille d'Eylau a prouvé que la Grande Armée n'était plus invincible. Les Russes se considèrent même comme les vainqueurs dans cet affrontement. Mais la défaite cuisante de Friedland va effacer tous les espoirs ennemis...