En mai 1800 durant la deuxième campagne d’Italie, Napoléon gravit le Saint-Bernard, non pas sur un fier destrier comme le tableau de David le laisserait deviner, mais sur une simple mule, mieux adaptée à une telle randonnée.
Cette mule appartenait à un riche propriétaire de la vallée et elle était conduite par un jeune et vigoureux paysan avec lequel le général sympathisa:
Que te faudrait-il pour être heureux? demande Napoléon.
Ma fortune serait faite, si la mule que vous montez était à moi, répondit le modeste villageois.
De retour à Paris, après la campagne, il ordonna qu’on achetât la plus belle mule qu’on pourrait trouver et qu'on y joignit une maison avec quelques arpents de terre, et qu'on donna le tout à son guide d'un jour.
Le bon paysan, qui ne pensait déjà plus à son aventure, ne connut qu'alors celui qu'il avait conduit au Saint-Bernard.