Kolberg

11/03/2017 20:35

La cinémathèque liée à l’Empire est riche de plusieurs centaines de films, mais il est peu commun d’y découvrir un film réalisé en pleine Seconde Guerre Mondiale par le régime nazi alors en plein chaos et dont la défaite est proche.

En 1807, la ville de Kolberg (actuellement Kòłobrzeg en Pologne) est située en Poméranie occidentale alors province prussienne. Nous sommes en pleine Quatrième Coalition durant la campagne de Pologne où la France napoléonienne s’oppose au Royaume-Uni, à la Russie, à la Suède et à la Prusse. Début de l’année, le 8 février 1807, Napoléon a difficilement battu les Russes à Eylau et l'affrontement décisif a lieu 5 mois plus tard à Friedland le 14 juin, où les troupes du tsar sont écrasées par le talent militaire de l'empereur des Français. Mais avant de signer les traités de Tilsit les 7 et 9 juillet mettant fin à la coalition, les troupes françaises doivent encore venir à bout de la ville fortifiée de Colberg au bord de la baltique.

En mars 1807, une armée française aidée de troupes auxiliaires polonaises, bataves, saxonnes, wurtembergeoises et de Nassau entreprend le siège de la ville fortifiée, dernier bastion résistant encore à l’ennemi dans la province poméranienne. Cette bataille est restée une date mémorable dans l'histoire allemande grâce à la bravoure de ses défenseurs car le siège ne fut levé qu’à la signature des traités de Tilsit. Le maire de la ville, Joachim Nettelbeck, avait réussi à transformer la population locale en une milice efficace et fanatique, malgré le pessimisme des autorités militaires sur place. C’est alors qu’un officier, le comte August von Gneisenau, qui devait devenir le feld-maréchal prussien réformateur que l’on connaît, avait remplacé le commandant militaire et, de concert avec le maire, avait tout fait pour conserver la ville au roi de Prusse.


Affiche du film Kolberg (1945)

Pour glorifier cette bravoure et ténacité toute prussienne, le régime nazi avait voulu l’immortalisée dans un film de propagande orchestré par Goebbels lui-même. Ce film sera de loin la production la plus chère réalisée par les nazis avec 8 millions de Reichmarks. Elle est de plus mise en œuvre alors que les Allemands sont occupés à perdre la guerre. Le film débuta en 1943 et sera projeté à de rares exemplaires dans une Allemagne en ruine en 1945. Goebbels écrira le 1er décembre 1944 dans ses carnets intimes :

Kolberg est enfin terminé, le peuple allemand va en avoir bien besoin.

Le film se veut le reflet de la propagande nazie avec comme leitmotiv:

Das Volk steht auf, der Sturm bricht los (le peuple se lève, la tempête se déchaîne).

On voit dans ce film que les enfants, les femmes et les vieillards se battent pour sauver leur ville à l’instar de la Volkssturm, milice populaire allemande levée en 1944 pour épauler la Wehrmacht dans la défense du territoire du Reich, afin de faire croire, contre toute évidence, à un sursaut du peuple pour sauver le régime hitlérien du naufrage.

Comme toujours les projets du führer étaient démesurés et quelques 180.000 soldats seront déplacés du front pour être figurants, ainsi que 6.000 chevaux.


Scène de reconstitution du film Kolberg

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Frank Grognet Nivelles
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