Fameuse butte!

03/06/2017 14:28

Guillaume Ier, roi des Pays-Bas réunis, voulait, comme tout monarque qu’il était, marquer l’histoire en faisant ériger un monument sur les lieux mêmes de la bataille de Waterloo, pour commémorer dignement ce haut fait militaire sur son territoire pour les générations futures. Il voulait aussi montrer la prépondérance de la royauté de l’Ancien Régime sur les prétentions révolutionnaires et libertaires françaises.

Pour ce faire le roi Guillaume fit d’abord organiser un concours, mais aucun des projets remis ne reçut son agrément. C’est alors que le 21 juillet 1817, ses ministres lui soumirent un projet de l’architecte militaire belge  Jean-Baptiste Vifquain. Ce projet consistait en une pyramide à base carrée sur les faces de laquelle les noms des nations alliées victorieuses à Waterloo seraient gravés. Le projet est soumis à l’analyse de Charles Vander Straeten, architecte belge qui le critique durement, prétextant qu’une pyramide convenait mieux à un monument funéraire qu’à célébrer une victoire. Il faut dire que les deux hommes se détestaient, ce qui n’arrangeait rien. Mais le projet est aussi considéré comme trop onéreux par le roi et Vifquain doit revoir sa copie. Il suggère alors un obélisque supporté par des colonnes s’élevant à plus de 50 mètres en hauteur. Mais Vander Straeten de son côté profite de l’occasion pour introduire son propre projet: un tumulus conique surmonté d'un lion. Là encore, les ministres bataves en charge du dossier écartèrent le projet de cône de terre qui, selon eux, convenait plus, comme la pyramide de Vifquain, à un monument funéraire. Finalement début 1820, sous l'influence de son épouse, la reine Frédérique-Louise, le roi Guillaume Ier opta pour le projet de Vander Straeten, plus simple et moins onéreux. La butte du Lion était née.

Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, les moyens mécaniques étaient encore balbutiants et qu’il fallait compter sur une main d’œuvre importante pour pouvoir réaliser de grands travaux de terrassement et d’érection, sans compter les transports requis qui se faisaient en partie par les voies fluviales quand cela était possible sinon par route à l’aide d’un charroi hippotracté.


Lithographie de la butte du lion

La butte est finalement réalisée en 2 années seulement, de fin 1824 à début 1826, et nécessitera :

  • l’érection d’une colonne de briques (10m x 7m x 43m) qui demandera la confection sur place de 1.5 million de briques à partir de glaise locale et cuites dans des fours construits pour l’occasion sur le site des travaux à l’aide de quelques 400 tonnes de charbon de bois également produites sur place à partir de 5 à 7 hectares de bois provenant de Waterloo. La colonne repose sur 540 m3 de fondations en moellons de Braine l’Alleud et est surmontée d’un piédestal en pierre d’Arquennes.
  • le déplacement de 300.000 m3 de terre prise sur 2,5 m de profondeur sur une superficie comprise entre la ferme de la Haie-Sainte et la butte actuelle. Cette zone qui abritait le gros des troupes britanniques était donc à l’époque nettement plus haute qu’actuellement. Les terres étaient amenées sur la butte par des tombereaux tractés par un cheval qui déversaient chacun 1 m3 de terre et empruntaient un chemin en spirale sur les flancs de la butte d’une longueur de 670 m. Le sommet de la butte est achevé par des botteresses venant vraisemblablement de Charleroi.


Tombereau tracté par un cheval qui allait déverser la terre sur la butte

  • la réalisation d’une statue léonine en fonte d’un point total de 28 tonnes, œuvre du sculpteur malinois Jean-Louis Van Geel, qui sera coulée dans les ateliers de Cockerill à Seraing en 9 pièces distinctes, amenées par voie fluviale et terrestre sur le site puis assemblées sur place.

Pour finir, il ne faut pas oublier qu’il y aura sur le site des travaux jusqu’à 3.000 ouvriers de différentes disciplines et 600 chevaux qu’il faudra abreuver et nourrir. Près de 10 tonnes de fourrage seront journellement nécessaires pour les chevaux. Deux tavernes seront construites sur place pour servir jusqu'à 600 litres de bière par jour aux hommes. Hips !

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Frank Grognet Nivelles
Belgique
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