Après avoir été sèchement battu à plusieurs reprises par Napoléon, Blücher entretenait une haine tenace à l’encontre du Petit Caporal. Par deux fois le général prussien entra à Paris en mars 1814 et en juillet 1815. Il montra alors toute l’étendue de sa haine envers la France impériale par ses manières brutales et par des actes de vandalisme dignes d’un sauvage. Il pilla le château de Saint-Cloud qui avait été le témoin de tant d’événements politiques et familiaux: proclamation de l'Empire en 1804, baptême de Napoléon-Louis par le pape Pie VII en 1805, mariage civil de Napoléon et de Marie-Louise en 1810, célébrations pour le baptême du Roi de Rome en 1811. On relate qu'il déchira la literie et les tentures impériales avec ses éperons. Il livra ensuite la Bibliothèque royale à la merci de ses officiers en disant:
Tous les livres sont prisonniers de guerre: ils sont en rang et en file, prenez, emportez tout ce que vous voudrez.
II leva d’énormes contributions de guerre, accabla les populations de vexations inouïes, voulut faire prisonnière la Garde Nationale, se livra au pillage et fit arrêter un bon nombre de citoyens qui allèrent peupler les forteresses prussiennes et surtout il ordonna de faire sauter le pont d’Iéna qui lui rappelait de manière injurieuse une cinglante défaite pour la Prusse.
La municipalité tenta de sauver le pont en s’adressant à Wellington, mais celui-ci se contenta de répondre:
Je suis le maître dans Paris, Blücher est le maître hors de Paris et le pont d’Iéna est en dehors, cela ne me regarde pas.
Il semblerait, selon la tradition, que Louis XVIII annonça son intention de sauter avec le pont si Blücher s’entêtait. Mais Blücher ne fit cesser les travaux de destruction que lorsqu’on lui versa une somme de 300.000 francs.
Finalement nous constatons que l’officier prussien avait des manières de hussard, sauvage et cruel, et qu’il a mis son honneur de côté pour une raison finalement bassement vénale, assez pitoyable.