Dans la nuit du 17 au 18 juin 1815, le Feld-maréchal prussien Blücher va prendre une décision qui va changer le cours de l'Histoire. Il décide d'envoyer dès 4h du matin le IVe corps de son armée, les Ième et IIème corps devant suivre pour aller à la rescousse des troupes alliées de Wellington. Seul le IIIème corps de Thielman ne devait commencer son mouvement que plus tard si aucun français n'était en vue en direction de Wavre, mais les Français sont là et le IIIème sera finalement retenu à Wavre. Il n'aurait toutefois pas eu la possibilité d'avoir une influence sur les opérations à Waterloo car il serait arrivé après la confrontation. il joue toutefois un rôle essentiel en bloquant plus de 30.000 Français à Wavre qui ne participeront pas à l'affrontement de Waterloo.
C'est le IVe corps du Général de brigade baron Friedrich Wilhelm Bülow von Dennewitz (60 ans à l'époque, il meurt 8 mois plus tard), venant de Liège au départ et qui n'a pas participé à la bataille de Ligny, qui part le premier. Partant de Dion-le-Mont au sud-est de Wavre, les troupes passent par Wavre pour se rassembler des heures plus tard à Chapelle-Saint-Lambert où elles surprennent les habitants sortant de la messe en ce dimanche 18 juin. Elles descendent alors vers la vallée de la Lasnes pour traverser le cours d'eau. Il s'ensuit un engorgement indescriptible de troupes qui doivent traverser à gué le faible ruisseau. L'endroit de passage est rapidement transformé en une mare de boue où les soldats s'enfoncent jusqu'au genou perdant parfois leurs chaussures dans la gadoue. Il faut aussi s'imaginer la difficulté des artilleurs pour faire mouvoir leur pièce dans une telle boue. Ce déplacement est digne de l'exploit. Ils arriveront finalement devant le bois de Paris, dernier rempart naturel avant le champ de bataille sans être inquiétés et déboucheront sur le théâtre des opérations vers 16h pour se confronter au VIe corps de Lobau, apparemment surpris de leur arrivée, au niveau de Fischermont.
Trajets effectués par les corps prussiens de Wavre vers Waterloo
Le IIe corps du Lieutenant-général Georg Dubislav Ludwig von Pirch, parfois appelé Pirch I pour le distinguer de son frère (52 ans à l'époque) est stationné au sud, près de Wavre et se met en branle seulement à midi une fois le corps de Bülow entièrement passé. Il suit au départ la même route que le IVe corps mais aux alentours de Lasne bifurque plus vers le sud pour arriver sur le champ de bataille au niveau de Plancenoit vers 17h forçant les troupes français à céder dans un premier temps le village devant l'afflux massif de troupes ennemies.
Le Ie corps du Général Comte Hans Ernst Karl von Zieten (45 ans à l'époque) qui avait bivouaqué à Bierges au sud-ouest de Wavre quitte ses cantonnements vers 2h de l'après-midi et arrivera sur le champ de bataille à la hauteur de la ferme de la Papelotte vers 18h45 permettant à Wellington de combler son flanc. Le corps sera complètement engagé dans la bataille une heure plus tard. Le général Durutte du Ie corps français de D'Erlon est submergé par le nombre, devant se battre à la fois contre les Britanniques au nord et les Prussiens à l'est.
Les mouvements des Prussiens suite à la défaite de Ligny ont été remarquables. Ils ont su faire retraiter toute leur armée en bonne ordre sur Wavre et pas vers Liège comme le pensait l'Empereur, pour finalement venir se rabattre sur le flanc des Français après avoir traversé avec difficulté la zone boisée et marécageuse s'étendant de Wavre à Waterloo avec leurs canons. Il était alors facile de reconnaître les troupes des IVe et IIe corps qui avaient dû traverser la Lasnes car ils avaient pratiquement tous des traces de boue jusqu'au genou!
Illustration des marches effectuées par les Prussiens sur un sol détrempé dans la nuit du 17 au 18 juin 1815
On ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec les offensives allemandes de 1940 et de 1945 dans les Ardennes belges, qui sont passées là où les alliés ne les attendaient pas...