Culotté le jeune capitaine!

21/11/2015 13:50

Le siège de Toulon sous les guerres de la Révolution contre l'envahisseur anglais allait marquer le début d'une carrière fulgurante pour un petit officier d'artillerie envoyé sur place pour aider les généraux incompétents mis en place.

Nous sommes fin août 1793 et le port de Toulon vient d'être livré au Britanniques par les royalistes français. D'importantes troupes y sont débarquées et la rade est envahie de vaisseaux battant pavillon britannique et espagnol sous le commandement de l'Amiral Hood (c'est cet amiral qui donnera son nom au célèbre croiseur de bataille, fierté de la flotte de sa très gracieuse majesté, lancé en 1918 et qui explosera le 24 mai 1941 suite à un seul coup au but, dans la soute à munitions, du non moins célèbre cuirassé allemand Bismarck, nommé tout comme lui d'une figure célèbre de l'histoire allemande. Seuls 3 survivants sur les 1.419 hommes d'équipage seront retrouvés dans l'épave fumante). Les troupes de la Convention ou armée dite des Carmagnoles, sous le commandement du fameux Général Carteaux (connu plus comme peintre) se présentent devant la ville pour en faire le siège. 

Son chef de l'artillerie ayant été blessé, il est remplacé sous ordre de la Convention par un jeune capitaine affublé d'un patronyme bizarre, Napoléon Bonaparte. Les deux hommes ne s'apprécient guère, Carteaux reprochant l'arrogance de la jeune recrue et cette dernière reprochant les incompétences du général. C'est ainsi que Bonaparte fera un rapport au Comité de Sécurité Publique sans ambiguïté le 25 octobre 1793 après deux mois de siège.

La première mesure que je propose est que vous envoyez à l’armée, pour commander l’artillerie, un général d’artillerie qui sera capable, ne serait-ce qu’en raison de son rang, de commander le respect et de s’imposer aux fous qui font partie du personnel du général et avec qui il faut constamment discuter, et imposer la loi et l’ordre pour vaincre leurs préjugés et faire prendre des mesures que la théorie et l’expérience ont démontré être axiomatiques à tout officier entraîné de ce corps.

La suite on la connaît, le Capitaine Bonaparte propose un plan audacieux de prise des fortins dominant la passe entre la petite et la grande rade du port, pour pouvoir y établir son artillerie qui bombardera la flotte britannique à l'ancrage, la forçant à quitter la petite rade, coupant ainsi le ravitaillement maritime nécessaire aux assiégés. Mais Carteaux ne l'exécute pas correctement et il est limogé en novembre et remplacé par Doppet, un ancien médecin, qui tout aussi indécis et incompétent que son prédécesseur, pour finalement être remplacé par un soldat de métier, le fameux Général Dugommier qui reconnaît la pertinence du plan du génial Bonaparte. Malgré le renforcement des positions britanniques, les fortins sont pris, Bonaparte y est blessé à la cuisse mais sa batterie est établie et fait fuir les Britanniques. L'imagerie populaire l'a aussi montré occupé à alimenter lui-même un canon lors du siège.

À la suite de ces événements, Bonaparte est promu brigadier-général. Mais il faut savoir qu'à l'époque, il n'était pas toujours bon de détenir un haut rang militaire qui pouvait s'avérer extrêmement dangereux. Des douzaines de généraux et des centaines d’officiers généraux ont été fusillés ou guillotinés pour n’avoir pas obtenus les résultats escomptés par leurs maîtres révolutionnaires qui les commandaient. Ainsi en 1793, année du siège de Toulon, 17 généraux ont été exécutés contre 67 l’année suivante. On sait maintenant que Bonaparte a eu plus de chance grâce à son génie militaire inné. 

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Frank Grognet Nivelles
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