Coup de couteau fatal

16/06/2015 23:54

Friedrich Staps n’avait que dix-sept ans quand il tenta d'assassiner Napoléon le 12 octobre 1809 à Schönbrunn. En septembre, il écrivait à ses parents :

Mes chers parents, je dois, oui je dois partir pour terminer ce que Dieu m'ordonne. Je pars pour sauver des milliers d'hommes de l'abîme de la mort, et enfin pour mourir moi-même.

Le 13 octobre il se présente à la grille du palais de Schönbrunn et demande à remettre une pétition en mains propres à l’Empereur. L’attitude déterminée du jeune allemand éveille les soupçons de Berthier et de Rapp qui l’arrêtent et découvrent un couteau démesuré dans sa redingote. Interpellé, il déclara, sans hésiter, qu’il voulait tuer l'Empereur. Napoléon désira le voir et le jeune fanatique répondit aux questions de l’Empereur:

Je voulais vous tuer. Vous avez ruiné mon pays par la guerre; vous l'avez opprimé; Dieu m'a appelé pour être l’instrument de votre mort.

Mais si je vous faisais grâce, ne seriez-vous pas engagé par la reconnaissance à renoncer à l’idée de m’assassiner?

Je ne vous le conseille pas, repris ce malheureux, car j'ai juré votre mort.

L'Empereur, étonné, fit venir son médecin Corvisart, il lui demanda s'il ne trouvait pas dans ce jeune homme quelques symptômes de démence. Le médecin après l'avoir examiné avec beaucoup de soin, répondit qu’il ne trouvait pas même en lui les signes de la plus légère émotion. La diète et les privations de sommeil n’y changèrent rien; il persista toujours à dire que si on lui laissait la liberté, il s’emploierait à tuer l'Empereur, pour accomplir l'ordre du ciel. Un jugement le condamna à mort. Quand on vint le chercher pour être fusillé, il dit à l’officier qui lui annonça son sort:

Monsieur, je ne vous demande qu'une grâce, c'est de n'être point lié.

On la lui accorda; il marcha librement, et mourut avec calme.

La tentative d’assassinat de Staps servit d’électrochoc à Napoléon, qui comprit qu'il pourrait mourir sans laisser d’héritier. Ce fait divers le décida à répudier Joséphine, qui ne pouvait lui donner d'enfant. Cela a fait dire à l’éminent Jean Tulard, grand spécialiste de l’Empire que :

Le poignard de Staps avait manqué Napoléon, mais il tua Joséphine.

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Frank Grognet Nivelles
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