Cosaques français

06/05/2017 15:03

À des moments clés de son épopée, Napoléon n'hésitera pas à intégrer des troupes étrangères pour venir grossir les rangs de sa Grande Armée. Parmi celles-ci, plusieurs troupes auront un caractère assez exotique voire antinomique par rapport au reste de la troupe. Ainsi, suite à la campagne d'Egypte, l'empereur se dotera d'un escadron de mameluks, cavaliers arabes hors pair qui s'illustreront tout au long de l'Empire d'Austerlitz à Waterloo.

Suite à la désastreuse campagne de Russie, Napoléon a perdu pratiquement toute sa cavalerie. C'est alors, qu'avec l'aide du général Poniatowski, il découvre une manne providentielle en Pologne de cavaliers légers en recrutant, dans la région de Cracovie, à raison d'un cavalier pour 50 maisons, des paysans d'assez petites tailles et montés sur de petits chevaux dit campagnards appelés konias. Cette troupe prend le nom de Krakus qui provient de Kraków, nom polonais de la ville de Cracovie. Un décret impérial du 19 décembre 1812, fixe son effectif initial à un régiment de 900 hommes réparti en 4 escadrons. Armés d'une lance, d'un sabre et de pistolets, ils sont montés sur de petits chevaux rustiques et vêtus d'un uniforme traditionnel de la région de Cracovie, ils ressemblent à des cosaques russes. Napoléon les surnommera  sa cavalerie pygmée. En avril 1813, l'unité dispose de 4.000 cavaliers.

Leur coiffe était appelée krakuska: sans visière, elle est rouge avec un turban blanc ou noir. Leur habit-veste ou caftan est de drap bleu foncé passepoilé de blanc. Le col et les poignets sont cramoisis avec passepoil blanc. Une écharpe cramoisie est portée à la taille. Le pantalon est bleu à passepoil latéral cramoisi. Ils n'ont ni drapeau ni trompettes, seul un pique au bout duquel on trouve des queues de cheval, à l'instar des mamelouks, qui sert de point de ralliement. Cet emblème est appelé en polonais Buńczuk ou plus communément Toug.


Cavalier Krakus

En août 1813, le régiment est passé en revue par Napoléon en personne qui est très impressionné par les prouesses de ces cavaliers assez particuliers réussissant à ramasser au grand galop des pierres posées sur le chemin:

Je voudrais avoir dix mille hommes comme ceux-ci, montés sur des Konias. C'est une excellente troupe.

Peu onéreuse à la monte, cette troupe est considérée par l'empereur comme la réponse aux cosaques russes desquels ils adoptaient leur tactique fuyante de combat. De plus, ils parlent allemand ou russe, ce qui est fort utile dans la campagne de Saxe face aux Prussiens et aux Autrichiens, d'une part, et aux Russes, d'autre part. Dernier point important et non des moindres, ils sont d'excellents cavaliers alors que la majorité des cavaliers français en cette année 1813 ne sont que de jeunes recrues, peu entraînées et trop souvent sans montures suite à l'hécatombe de la campagne de Russie. On les appelait ironiquement les cavaliers du Patatras.

Les Krakus participeront glorieusement aux dernières campagnes de l'Empire: Saxe (1813) et France (1814) avant d'être dissous à la première abdication de l'empereur.

En quelques mois d'existence, ce régiment aura réussi à être auréolé d'une excellente réputation au combat et suscitera l'étonnement de tous, leurs ennemis les surnommaient les sauvages courageux.

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Frank Grognet Nivelles
Belgique
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