Chemin creux ou gouffre profond?

22/06/2015 22:30

Ce bon vieux Victor Hugo n'en rate pas une pour faire des bourdes sur notre bonne vieille bataille de Waterloo. Après la morne plaine voilà qu'il nous dépeint dans Les Misérables un fossé, un gouffre, que dis-je, un précipice dans lequel une brigade entière de la cavalerie française s'est perdue, jugez plutôt:

Les cuirassiers venaient d'apercevoir entre eux et les Anglais, un fossé, une fosse. C'était le chemin creux d'Ohain. L'instant fut épouvantable. Le ravin était là, inattendu, béant, à pic sous les pieds des chevaux, profond de deux toises entre son double talus; le second rang y poussa le premier, et le troisième y poussa le second; les chevaux se dressaient, se rejetaient en arrière, tombaient sur la croupe, glissaient les quatre pieds en l'air, pilant et bouleversant les cavaliers, aucun moyen de reculer, toute la colonne n'était qu'un projectile, la force acquise pour écraser les Anglais écrasa les Français, le ravin inexorable ne pouvait se rendre que comblé, cavaliers et chevaux y roulèrent pêle-mêle, se broyant les uns les autres, ne faisant qu'une chair dans ce gouffre, et quand cette fosse fut pleine d'hommes vivants, on marcha dessus et le reste passa. Presque un tiers de la brigade Dubois croula dans cet abîme.

Le chemin d'Ohain a bel et bien existé et, malgré le nivellement du sol actuel dû à la construction de la butte, on peut encore se faire une idée de la hauteur du chemin creux si l'on voit la double élévation du monument aux Hannovriens et de la colonne Gordon. On peut donc parler de chemin encaissé qui a sans doute gêné les premiers cuirassiers qui s'y sont engagés mais il n'a certainement pas anéanti le tiers d'une brigade comme le suggère le célèbre écrivain.

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Frank Grognet Nivelles
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