Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord est l'archétype de l'intrigant, n'hésitant pas à servir son maître puis à le trahir en prétextant toujours servir la France, c'est du moins ce qu'il a toujours prétendu pour justifier son comportement.
Nommé Ministre des Affaires Étrangères par Napoléon, ce dernier s'est toujours méfié de lui et les relations entre les deux hommes ont souvent été houleuses. Néanmoins en 1804, il est fait Grand Chambellan par l'Empereur puis fait Prince de Bénévent (petite principauté prise au Pape) deux années plus tard.
Mais malgré l'admiration qu'il porte au génie de Napoléon, il sait que l'Empereur ne pourra pas résister bien longtemps à l'Europe coalisée.
Ainsi lors de l'entrevue d'Erfurt entre Napoléon et le Tsar Alexandre Ier en 1808, Talleyrand intrigue avec le monarque russe en lui conseillant de refuser les propositions d'alliance de Napoléon pour mieux se rapprocher des Autrichiens de François Ier. Une fois rentré en France, il continue à intriguer avec le chef de la police Fouché et le Maréchal Murat pour préparer la succession de Napoléon.
Ayant eu vent de sa trahison, Napoléon convoque un conseil restreint avec l'Archichancelier Cambacérès, l'Architrésorier Lebrun, le Ministre de la Marine Decrès, le Ministre de la Police générale Fouché et Talleyrand lui-même. Il prend alors à parti Talleyrand, l'insulte et finit par lui dire la phrase célèbre:
Vous mériteriez que je vous brisasse comme un verre, j'en ai le pouvoir mais je vous méprise trop pour en prendre la peine. Pourquoi ne vous ai-je pas fait pendre aux grilles du Carrousel ? Mais il en est bien temps encore. Tenez, vous êtes de la merde dans un bas de soie!
Talleyrand est convaincu d'être arrêté, mais reste impassible comme à son habitude, il aurait dit à la sortie dudit conseil:
Quel dommage, Messieurs, qu'un aussi grand homme ait été si mal élevé!
Son attitude lui fait perdre sa fonction de Grand Chambellan, mais il devient alors l'espion de l'Autriche, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Paris, Metternich.
En 1814, Talleyrand se rapproche des Bourbons et est une fois de plus nommé Ministre des Affaires Etrangères par Louis XVIII. Il servira encore la cause de Charles X puis de Louis-Philippe.
Au final, l'évêque d'Autun aura réussi à survivre à 5 régimes successifs tout en conservant de hautes fonctions. Un vrai exploit!