Chance de pendu

31/12/2016 12:18

René-Nicolas Dufriche Desgenettes était un médecin militaire qui participa aux guerres révolutionnaires et de l’Empire. Il fait partie de l’expédition d’Egypte et est présent avec l'armée française en Syrie, sous les ordres du Général Bonaparte. Durant la marche à travers le désert de Syrie, la terrible peste fait son apparition dans les rangs de l’armée. Cette maladie semait l’effroi parmi la troupe et les malheureux qui en étaient atteints devenaient un objet de répulsion pour leurs camarades et étaient abandonnés sans soins.

Pour remonter le moral des troupes et éviter le rejet des pestiférés, Desgenettes, médecin en chef de l'armée, nia l'existence de la maladie et ordonna que ce nom maudit ne soit jamais prononcé. De plus, il était persuadé que la maladie n'était pas contagieuse et il voulut, par un geste fort, faire passer cette conviction dans l'esprit des soldats.

Alors que le Général Bonaparte faisait une visite à l'hôpital des pestiférés de Jaffa, Desgenettes s'approcha d'un des malades, ouvrit une des pustules, puis se fit à lui-même une piqûre au bras en introduisant le mal dans sa chair. Autant dire qu’une telle action risquait de le condamner à mort quand on connait la virulence du virus.

Si la peste est contagieuse, dit-il, je l'aurai. Mais vous verrez que je ne l'aurai pas.

Par chance, le médecin chef ne fut pas malade!

Desgenettes, médecin en chef de l'armée d'Egypte, s'inocule la peste en présence des soldats malades afin de calmer leur imagination par Pierre Antoine Augustin Vafflard (1777-1835)

 

Une autre scène va encore immortaliser le nom de Desgenettes.

Après trois assauts infructueux devant la forteresse de Saint-Jean d'Acre, le général Bonaparte est contraint de lever le siège, ce sera sa première défaite. Alors que les troupes valides se retirent en bon ordre, il est demandé au personnel du Service de Santé d'évacuer les blessés et les malades. Mais les pestiférés sont en très mauvais état et Bonaparte demande alors à Desgenettes de leur administrer une forte dose d'opium afin de mettre fin à leurs souffrances. La réponse du médecin est cinglante.

Mon devoir à moi, c'est de les conserver.

Napoléon s'incline et les mourants sont transportés jusqu'à Jaffa. Mais quelques jours plus tard, Bonaparte est une nouvelle fois contraint de se retirer sous la pression de l'ennemi et se repose la question de leur évacuation ou de leur élimination. Renonçant à s'adresser à Desgenettes dont il connaît par avance la réponse, il obtiendra du pharmacien en chef de l'expédition, Claude Royer, la quantité de laudanum suffisante pour hâter la fin de quelques malheureux.

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Frank Grognet Nivelles
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