Branle-bas de combat

07/04/2017 20:52

Tout le monde a déjà entendu cette fameuse expression militaire branle-bas de combat qui déclenche chez les marins une réaction immédiate de se mettre aux postes de combat, mais savez-vous d'où vient cette expression?

Au XIXe siècle, la marine de guerre est encore exclusivement constituée de vaisseaux en bois diposant d'un ou plusieurs ponts en fonction de leur taille mesurée en nombre de canons présents sur les différents ponts. Sous l'Empire, on distingue 3 classes de vaisseaux de ligne: 74, 80 et 110 canons, fleuron de la marine à côté des plus légères frégates, corvettes et bricks en tout genre. La muraille de tels vaisseaux était constituée de chêne alors que les mâts étaient en pin. Mais ce qui est impressionnant est la quantité de bois nécessaire à sa construction. Il fallait compter pour construire un simple vaisseau de 74 l'équivalent de 3.247 stères de bois de chêne et pas n'importe lesquels, des chênes centenaires et il en fallait 2.800! L'épaisseur de la muraille d'un vaisseau avoisinait les 70 cm.
On retrouvait aussi dans un tel vaisseau 84 tonnes de cordage divers, des voiles de rechange d'une superficie équivalente à 1/3 d'un terrain de football.


Vaisseau de ligne sous l'Empire au début du XIXe siècle

Mais alors que ces vaisseaux ne sont pas plus longs qu'une cinquantaine de mètres, ils hébergent un équipage de plus de 750 hommes. Alors que les officiers sont bien logés dans le château arrière, les matelots s'entassent sur les ponts au milieu des canons et du matériel. Vu l'exiguïté des lieux, ces derniers sont obligés pour dormir de recourir à un simple hamac de toile qu'ils tendent entre deux crochets. Au réveil, ils étaient obligés de le décrocher pour dégager l'espace. Mais ce simple lit de matelot porte également un autre nom, le branle. Dès lors l'ordre de branle-bas signifiait tout simplement décrocher son hamac et le mettre dans les filets de bastingage afin de dégager ainsi les batterie. Cet ordre était aussi donné avant le combat, branle-bas de combat, pour d’une part faire de la place aux pièces d’artillerie, mais surtout placer les hamacs contre la paroi intérieure du navire créant ainsi une couche supplémentaire limitait la course des éclats de bois, bien plus dévastateurs que les boulets de canon lorsque celui d'un ennemi traversait la coque en bois.


Couchettes de l'équipage appelées branles

Pour terminer, il est intéressant de se rendre compte de la quantité de vivres embarquées qui devait permettre à l'équipage d'être autonome pendant trois à six mois:

  • 210.000 litres d'eau (environ trois litres par jour et par homme)
  • 101.000 litres de vin rouge (environ un litre par jour et par homme)
  • 1.450 litres d'eau-de-vie
  • 1.440 litres de vinaigre (il sert parfois à couper l'eau lorsque celle-ci est croupie)
  • 52 tonnes de biscuits de mer (la base de l'alimentation du marin car il peut se conserver longtemps)
  • 25,92 tonnes de farine (destinée à la fabrication du pain)
  • 15 tonnes de salaisons (viande et lard qui constituent un apport de protéine)
  • 14,3 tonnes de fève s et fayots (haricot sec)
  • 2,88 tonnes de sel (moyen de conservation connu)
  • 2 tonnes de riz
  • 1,1 tonne de fromage (fromage de gruyère et de Hollande, il constitue un substitut à la viande et au poisson)
  • 1,05 tonne de poisson salé
  • 350 kg de sucre.

Mais en plus de ces vivres de base destinées à l'équipage, des produits frais et des animaux sont également présents en nombre dans le vaisseau mais exclusivement réservés à l'état-major et aux malades et blessés:

  • 500 poules
  • 48 canards
  • 36 pigeons
  • 24 dindes
  • 24 moutons
  • 12 oies
  • 12 cochons
  • 8 bœufs
  • 6 veaux
  • 4 truies
  • 2 vaches à lait
  • 1 verrat.

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Frank Grognet Nivelles
Belgique
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