En 1800, Paris dispose d'un corps de gardes-pompiers pour lutter contre les incendies. Disposant de 293 hommes divisés en trois compagnies, ce corps est totalement inefficace et peu opérationnel. Ne disposant ni d'une organisation militaire ni de casernements adéquats, les pompiers habitent chez eux, continuent à exercer leur métier habituel et font rarement de l'exercice. Ils sont commandés par un certain Ledoux dont la mollesse est proverbiale et l'incompétence reconnue. Ils ne disposent que peu de matériel comme par exemple seulement deux échelles! Pour couronner le tout, l'eau est rare à Paris à cette époque, surtout la nuit et l'organisation globale dans la capitale pour lutter contre les incendies est totalement déficiente.
Ainsi en 1808, un violent incendie éclate au faubourg Montmartre et il est impossible d'utiliser les bouches d'eau des grands boulevards, alimentées par la pompe de Chaillot, parce qu'un employé a fermé la canalisation et emporté la clef dans sa poche... La même année, on laissera brûler la Halle aux Blés presque sans la défendre et sa fameuse coupole s'écroulera à grand fracas.
Mais le 1er juillet 1810 tout va changer!
Pour fêter le récent mariage de Napoléon avec l'archiduchesse Marie-Louise, le Prince Schwarzenberg organise une soirée à l'ambassade d'Autriche à Paris. Vers 23 heures, alors que le bal vient à peine de s'ouvrir, un incendie se déclare. Le feu se propage avec une violence terrible et sème la panique dans toute l'assistance. La salle de bal de l'ambassade flambera comme une allumette. Au total dix personnes mourront dans les flammes ou des suites de leurs blessures et l'on retrouvera le cadavre de la charmante princesse de Schwarzenberg dans les décombres.
Le procès-verbal dressé après le drame mettra en évidence les insuffisances des systèmes de sécurité et des secours. Napoléon, témoin du drame, sera profondément indigné et il écrira sur-le-champ au ministre de l'Intérieur:
Il n'y avait dimanche, à la fête de l'Ambassade d'Autriche, que six pompiers, dont plusieurs étaient saouls. J'ai destitué le colonel [Ledoux] pour ne pas s'être trouvé là et n'avoir pas lui même organisé le service.
illustration de l'incendie de l'ambassade d'Autriche le 1er juillet 1810
Ce terrible drame attirera l'attention de l'empereur sur l'organisation de la lutte contre le feu à Paris. Par décret du 18 septembre 1811, Napoléon confiera cette mission à un corps militaire de son armée impériale, le bataillon de sapeurs-pompiers. Cette unité deviendra en 1867 le régiment de sapeurs-pompiers, transformé en 1967 en brigade des sapeurs-pompiers de Paris.
Premiers uniformes des Sapeurs-Pompiers 1812
Pour terminer cet article, savez vous pourquoi les pompiers portent un casque brillant et une grande pèlerine?
Casque d'un sapeur-pompier 1812
C'est afin qu'ils demeurent visibles dans la fumée et que, même n'étant pas de service, ils puissent éteindre avec leur pélerine un début d'incendie!
Merci Napoléon.