D'innombrables figures se sont illustrées durant la période napoléonienne par leur méritocratie, leur témérité, leur abnégation ou leur fidélité à l'empereur. parmi celles-ci on peut retenir le célèbre Général Charles Lefebvre-Desnoëttes
Non doué pour les études, il tente à trois reprises à s'engager dans l'armée, mais à chaque fois, son père, marchand de drap, achète sa libération. Il a 16 ans quand la Révolution et se fait alors définitivement enrôlé dans la garde nationale de Paris. Il finira dan la cavalerie et gravira rapidement les échelons. Aide de camp du Premier Consul en 1800, il participe à la bataille de Marengo. Il sert ensuite dans l'état-major de la Garde consulaire. En 1806, Charles épouse Marie-Louise-Stéphanie Rollier, de quatorze ans sa cadette, fille de Marie Benielli, cousine de la mère de Napoléon, Letizia. Nommé général de brigade sous l'Empire en 1806, général de division en 1807 et comte d'Empire en 1808, les honneurs s'enchaînent et s'accumulent chez cet impétueux officier. Participant à la Guerre d'Espagne, il est capturé par les Britanniques à la bataille de Benavente en décembre 1808 et emmené en captivité en Angleterre où sa femme pourra le rejoindre. Il s'en évade en 1812 pour rejoindre l'épopée de la campagne de Russie à la tête des chasseurs à cheval de la Garde. Il se battra comme un lion lors des campagnes d'Allemagne et de France en 1813-1814 à la tête de la cavalerie de la Garde. Lors de son première abdication à Fontainebleau en 1814, Napoléon l'embrassera personnellement comme représentant de la cavalerie impériale. Il s'alliera une nouvelle à l'empereur lors des Cent-Jours en 1815 comme commandant de la cavalerie légère de la Vieille Garde et participera à Waterloo aux fameuses vaines charges de cavalerie. Condamné à mort par contumace en 1816, il est proscrit et doit s'exiler aux États-Unis où il s'installera dans l'Alabama et deviendra un riche colon, président de la Vine and Olive Colony.
Général Lefebvre-Desnoëttes (1773-1822) en grand uniforme de commandant des chasseurs à cheval de la Garde
En 1822, exempté des poursuites dirigées contre lui en France, il s'embarqua pour l'Europe afin d'aller retrouver sa femme et sa fille qu'il n'a pas encore vue, sur l'un des premiers navires effectuant des traversées commerciales de l'Atlantique, l'Albion. Alors qu'il avait connu mille périls durant ses campagnes militaires, ce prestigieux officier de cavalerie périra bêtement dans le naufrage de son bateau au large des côtes irlandaises le 22 avril 1822 à l'âge de 48 ans à peine.
Totalement éplorée par sa perte, sa veuve fera construire en sa mémoire un singulier cénotaphe dans la commune de Sainte-Adresse qui domine la baie de Seine, au nord du Havre. Appelé le pain de sucre de par sa forme typique et sa couleur blanche, cet édifice sert d'amer c'est-à-dire de point de repère fixe et identifiable sans ambiguïté destiné à servir de repère aux marins pour la navigation maritime. Stéphanie lui survivra jusqu'en 1880, âgée de 93 ans et, fidèle jusqu'à la mort au souvenir de son mari, se fera inhumer au coeur même de ce bien curieux mausolée. Belle histoire d'amour, typique du romantisme français du XIXe siècle.
Amer en forme de pain de sucre à Sainte-Adresse en hommage au général
L'inscription sur le mausolée est la suivante:
À la mémoire
Du général Comte Lefebvre-Desnoettes
Né en 1775
Mort dans un naufrage sur les côtes d'Irlande
Le 22 avril 1822
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La veuve du général
Préoccupée du sort des navigateurs
Et de leurs familles
A élevé ce monument
Sur un point où il prévient des malheurs
En signalant des dangers
Pour l'anecdote, en 1821, année de la mort de son empereur, il avait vendu son château des Nouettes, situé à Aube, à une certaine comtesse de Ségur, fille du gouverneur Rostopchine qui avait fait incendier Moscou en 1812...