Vaisselle cassée, c'est la fessée!
Le Traité de Campo-Formio faisait suite aux accords préalables de Loeben mettant fin à la glorieuse première campagne d'Italie en 1797. Ces accords ont été personnellement conclus par Napoléon, mais pas sans mal, car il avait face à lui le tenace représentant de la diplomatie autrichienne, Johann Ludwig von Cobenzl qui se montrait fort habile à faire traîner les pourparlers. De son côté, Bonaparte, connu pour son tempérament de feu et son caractère pressé, n'y tint plus et après l'ultime refus du diplomate éclata de colère:
Fichtre vous voulez la guerre ? eh bien ! vous l'aurez !
Selon les versions rapportées, il se serait alors saisi d'un magnifique cabaret de porcelaine que M. de Cobenzl répétait chaque jour avec complaisance lui avoir été donné par la grande Catherine, et le jeta par terre où il se brisa en mille morceaux. Une autre version parle que le général, passablement énervé, marchait en long et en large dans le cabinet d'un pas alerte, quand il heurta le cabaret et fit choir le précieux service. Dans tous les cas, il s'écria alors en quittant la salle:
Voyez, eh bien ! telle sera votre monarchie autrichienne avant trois mois, je vous le promets !
Alors que Cobenzl demeura pétrifié, son second tenta de retenir jusqu'à son carrosse le fougueux général. Napoléon dira dans ses mémoires à Sainte-Hélène que, malgré sa colère, il ne put s'empêcher d'en rire intérieurement. Trois jours après, le traité définitif de paix était signé et conclu. C'est ce traité qui mit fin à la sérénissime République de Venise, vieille de 12 siècles, qui passa sous souveraineté autrichienne.