Durant les différentes guerres qui ont malheureusement jalonné l'Histoire, les grands conquérants ont trouvé la victoire en innovant et mettant en pratique des techniques ou tactiques inconnues de leurs adversaires qui se sont avérées payantes. Ainsi à la bataille de Gaugamèles en 331 avant J.-C., le grand Alexandre mit en déroute la gigantesque armée perse de Darius III beaucoup plus nombreuse. Alexandre prit la tête de sa cavalerie pour longer le front perse face à l'ennemi. Darius le fit poursuivre ce qui étendit le propre front de ses troupes qui n'était plus solidaire. Alexandre changea alors soudain de direction pour découvrir ses frondeurs d'élite qui attaquèrent et bloquèrent aussitôt la cavalerie perse, ce qui lui permit de foncer sur le centre dégarni de l'armée perse où se trouvait Darius et le mit en fuite.
Napoléon était un fervent lecture de ces classiques et aucune manœuvre décisive des guerres anciennes ne lui était inconnue, mais il les étudiait pour mieux...ne pas les mettre en pratique. C'est ce qu'il dit à un de ses conseillers lors du début de la Troisième Coalition en 1805 qui verra sa plus brillante victoire dans les champs d'Austerlitz.
Vous vous imaginez peut-être que c'est pour avoir suivi les règles et les préceptes des ouvrages de tactique étalés dans mon cabinet que j'ai vaincu tant de fois les armées autrichiennes commandées par les plus fameux généraux de l'Europe? Je veux que vous sachiez que je n'étudie ces livres que pour ne pas mettre en pratique la plupart des leçons qu'ils nous donnent et que la plupart des généraux étrangers suivent avec la plus grande docilité. Nous ne nous battons plus comme autrefois...et sur ce vaste échiquier que l'on nomme champ de bataille, je découvre tous les jours de nouveaux coups qui doivent infailliblement faire échec et mat nos ennemis les plus fiers de leur science. Tous les métiers se simplifient à la longue et celui de la guerre comme les autres...
Où Brune, Moreau, Jourdan, Sérurier, Masséna ont-ils appris l'art de vaincre? Dans les livres? Non, sur les champs de bataille. De la bravoure, du sang-froid, un coup d‘œil juste, de bons officiers, de bons soldats, de bons canonniers et une nombreuse artillerie, voilà tout ce qu'il faut contre les généraux stationnaires de l'Autriche. J'espère bien me tirer de cette campagne contre l'empereur François et les Russes ses alliés.
Quatre mois plus tard, c'est l'apogée d'Austerlitz.
Malheureusement, les enseignements de Napoléon ne seront pas mis en pratique par ses successeurs lors de la guerre de 1870 et des deux conflits mondiaux et ce seront cette fois les Allemands qui tireront leur épingle du jeu en innovant avec notamment leur blitzkrieg.