Stratégie jominienne

24/06/2017 17:37

L'Histoire est parsemée de figures illustres qui ont su marquer leur époque sans pour autant verser inutilement le sang et semer la désolation autour d'eux. Le Général Antoine de Jomini est de ceux-là.

Issue d'une famille suisse d'origine italienne, Jomini veut très tôt embrasser la carrière militaire. Travaillant d'abord au ministère de la guerre suisse, il sera finalement remarqué par le Maréchal Ney qui lui fait intégrer l'armée française dès le camp de Boulogne.

Mais Jomini se fait surtout remarquer par les ouvrages qu'il écrit sur l'art de la guerre et c'est Michel Ney qui le poussera à publier ses premières œuvres. Napoléon ira même jusqu'à l'intégrer à son État-major. Il le fait baron puis général de brigade. Il participera ensuite à la quasi totalité des campagnes militaires napoléoniennes de 1805 à 1812. Il ira même en Espagne. C'est lui qui signale le fameux gué de Studianka sur la Bérézina qui évitera la destruction totale de l'armée. Suite à sa participation en 1813 aux batailles de Lützen et de Bautzen, le Maréchal Ney le propose à une nomination au grade de général de division, mais le Maréchal Berthier la refuse pour un motif futile. Profondément blessé par cet affront, le Général Jomini partira rejoindre comme aide de camp le tsar Alexandre qui le fera nommer lieutenant général de l'armée russe, équivalent français de général de division.


Portrait d’Antoine-Henri Jomini (1779-1869) en tenue de général russe par George Dawe (1825, musée de l’Hermitage à St. Petersburg)

Mais si l'on retient le nom de Jomini, ce n'est pas pour ses prouesses militaires sur le champ de bataille mais plutôt pour les multiples traités qu'il a écrits sur l'art et la stratégie militaires ainsi qu'une passionnante Vie politique et militaire de Napoléon qui lui vaudra le surnom de devin de Napoléon. il sera d'ailleurs à l'époque le grand rival de Clausewitz du côté prussien.

Ses principes stratégiques sont assez simples et logiques, issus d'une observation méticuleuse des campagnes d'illustres généraux antiques comme Alexandre le Grand ou César mais aussi de sa propre expérience des campagnes auxquelles il a participé.

  • Localiser précisément l'ennemi
  • Comparer ses forces avec celles de l'ennemi
  • Attaquer énergiquement sur le front le plus faible de l'ennemi
  • Poursuivre l'ennemi pour éviter qu'il ne se ressaisisse
  • Couper l'ennemi de ses bases de ravitaillement et de ses lignes de communication.

Ces principes seront étudiés à West Point et mis en application durant la Guerre de Sécession aussi bien du côté de l'Union que de la Confédération. Ils seront aussi repris plus tard dans la théorie de la guerre de blindés étudiée par De Gaulle en France durant l'entre-deux guerre et mise en pratique par le Général allemand Guderian lors de la guerre éclair de 1940.

Jomini, en parlant de la guerre, disait ceci: 

La guerre, dans son ensemble, n'est point une science, mais un art. Si la stratégie, surtout, peut être soumise à des maximes dogmatiques qui approchent des axiomes des sciences positives, il n'en est pas de même de l'ensemble des opérations d'une guerre, et les combats entre autres échapperont souvent à toutes les combinaisons scientifiques, pour nous offrir des actes essentiellement dramatiques, dans lesquels les qualités personnelles, les inspirations morales et mille autres causes, joueront parfois le premier rôle. Les passions qui agiteront les masses appelées à les heurter, les qualités guerrières de ces masses, le caractère, l'énergie et les talens de leurs chefs, l'esprit plus ou moins martial, non seulement des nations, mais encore des époques; en un mot tout ce que l'on peut nommer la poésie et la métaphysique de la guerre, influera éternellement sur ses résultats.

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Frank Grognet Nivelles
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