Souvenir d'enfance

05/08/2015 22:11

À l'âge de 10 ans, le jeune Napoléon Bonaparte entre à l'école militaire de Brienne en avril 1779. Il y resta cinq années jusqu’en octobre 1784. La discipline y était dure et Napoléon est souvent maltraité par ses condisciples. Il trouve néanmoins un peu de réconfort lors de ses visites à la mère Marguerite qui vend du lait et des oeufs.

Vingt ans plus tard, en 1805, Napoléon est de retour sur les lieux de son enfance, mais en qualité d'Empereur, au sommet de sa gloire. Les gens de Brienne se bousculent pour le voir et il est reçu par les notables. Un jour, voulant fuir les mondanités, Napoléon part à cheval quelques heures pour aller revoir la mère Marguerite qui n'a pas fait le déplacement pour venir le voir. Il arrive à la chaumière, descend de cheval et entre voir la fermière.


Bonjour la mère Marguerite, vous n'êtes donc pas curieuse de voir l'Empereur?

Si fait, mon bon monsieur, j'en serais bien curieuse; et si bien que voilà un petit panier d'oeuf frais que je vais porter à Madame et puis je resterai au château pour tâcher d'apercevoir l'Empereur. Ce n'est pas l'embarras; je ne le verrai pas si bien aujourd'hui qu'autrefois, quand il venait avec ses camarades boire du lait.

Comment, mère Maguerite, vous n'avez pas oublié Napoléon?

Oublié? Mon bon monsieur! Vous croyez qu'on oublie un jeune homme comme ça, qui était sage, sérieux et même quelque fois triste, mais toujours bon pour les pauvres gens? Je ne suis qu'une paysanne; mais j'aurais prédit que celui-là ferait son chemin.

Il ne l'a pas trop mal fait, n'est-ce pas?

Ah! Dame, non!

Prenant alors le ton qu'il avait lors de sa jeunesse, l'Empereur se frotte les mains et dit:

Allons, la mère Marguerite, du lait et des oeufs, nous mourrons de faim!

Réalisant qu'elle a l'Empereur devant elle, elle tombe à ses pieds, mais Napoléon la relève de suite et lui demande de lui préparer un repas comme au bon vieux temps.

En vérité, mère Marguerite, j’ai un appétit d’écolier. N’avez-vous rien à me donner?

La bonne femme, que son bonheur mettait hors d’elle-même, servit à Sa Majesté des œufs et du lait. Son repas fini, Sa Majesté donna à sa vieille hôtesse une bourse pleine de napoléons d’or, en lui disant :

Vous savez, mère Marguerite, que j’aime qu’on paie son écot. Adieu, je ne vous oublierai pas.

Et tandis que l’Empereur remontait à cheval, la bonne vieille, sur le seuil de sa porte, lui promettait, en pleurant de joie, de prier le bon Dieu pour lui. 

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Frank Grognet Nivelles
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