Outrage ou pas?

13/12/2016 23:47

Tout le monde connaît Michel Ney, maréchal de l'Empire, prince de la Moskowa, le rougeaud!

S'étant rallié à Napoléon durant les Cent-Jours, il se battra jusqu'à la fin dans les plaines brabançonnes de Waterloo, cinq chevaux seront tués sous lui et il s'écrira Venez voir comment meurt un maréchal de France ! sans qu'aucune balle ou épée ne vienne mettre fin à tant de gloire. La mort ne voulut pas de lui ce jour-là, mais ce n'était que partie remise.

Même Napoléon va le lâcher, car il l'accablera en partie de la défaite ayant sacrifier sa cavalerie dans de vains assauts. Le maréchal Davout prendra sa défense

Sire, il s'est mis la corde au cou pour vous servir !

Viens la Seconde Restauration et Louis XVIII qui demande au perfide Fouché de lui donner la liste des officiers accusés de traîtrise pour avoir rejoint Napoléon durant les Cent-Jours. C'est la fameuse ordonnance du 24 juillet 1815 qui comportera une liste de 57 officiers avec à leur tête, en première position, Ney.

Il est arrêté au château de Bessonies, dans le Lot, puis escorté jusqu'à Paris pour être incarcéré à la Conciergerie puis transféré à la prison du Luxembourg. Le Conseil de Guerre se déclare incompétent, il est alors jugé par ses pairs, 161 présents dont 160 le condamneront à la peine capitale. Seul le plus jeune de ces messieurs, Victor de Broglie, le dédouanera:

Il est des événements qui, par leur nature et leur portée, dépassent la justice humaine, tout en restant très coupables devant Dieu et devant les hommes.

Durant son procès, un événement singulier viendra animer les débats. En effet, la ville de Sarrelouis, qui a vu naître le maréchal, vient de devenir prussienne suite au traité de Paris du 20 novembre. Son avocat, Dupin, déclare alors que Ney ne peut plus être jugé, car il est maintenant Prussien. Suite à quoi, le maréchal bondit de son siège en interrompant son avocat, et s'écria:

Je suis Français et je resterai Français !

La sentence est prononcée, c'est la mort. Parmi ceux qui ont voté sa perte, on retrouve 5 maréchaux d'Empire, ses frères d'armes: Sérurier, Kellermann, Pérignon, Victor et Marmont. Davout et Gouvion-Saint-Cyr ont, quant à eux, essayé de le sauver. Ainsi que le singulier général Jomini, de nationalité suisse mais ayant servi l'Empire français et maintenant le russe et qui interviendra par trois fois auprès du tsar. Ce ne fut que sous la menace de devoir quitter l'uniforme russe qu'il renonça à son insistance.

Avant d'être amené sur les lieux de l'exécution, on lui propose un confesseur:

Vous m'ennuyez avec votre prêtraille !

Il est finalement conduit avenue de l'Observatoire où se trouve le peloton d'exécution. Il est habillé d'un simple costume bourgeois et refuse qu'on lui bande les yeux et, s'adressant aux soldats, il leurs dit:

Camarades, tirez sur moi et visez juste !

Le Brave des Braves, qui n'avait pas su trouver la mort durant les dizaines de bataille auxquelles il a participé, devant ses troupes, en première ligne, est fusillé par des soldats français. Il tombe face contre terre et sa dépouille reste quinze minutes seule, conformément à la coutume.

C'est alors que l'on raconte une anecdote qui semble assez invraisemblable, mais qui a été reprise par plusieurs historiens et même illustrée. En effet, il semblerait qu'un cavalier britannique, sans honneur, aurait fait bondir son cheval par-dessus le cadavre. De même, un officier russe serait venu assister à l'exécution, en grande tenue et au premier rang, comme s'il assistait à un spectacle. Il sera rayé des cadres de l'armée russe par le tsar Alexandre qui portait le maréchal Ney dans son estime.

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Frank Grognet Nivelles
Belgique
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