Nullité du mariage
En septembre 2014, le contrat de mariage de Napoléon a été adjugé pour la modique somme de 437.500 euros lors d'une vente de manuscrits de l'époque napoléonienne le dimanche 21 septembre à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) par la sérieuse maison Osenat. Il a (heureusement) été acquis par le Musée des Lettres et Manuscrits à Paris.
Ce fait divers nous rappelle que le citoyen Bonaparte a lié sa destinée à Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais, le 9 mars 1796. Ils ont renouvelés leurs vœux le 1er décembre 1804, le jour précédent le sacre de l'Empereur.
Mais ce qu'il est intéressant de souligner ici réside dans les irrégularités qui ont entaché ce mariage qui selon les règles en vigueur aurait dû être déclaré nul!
En effet, Bonaparte s'est vieilli de 18 mois se disant né le 5 février 1768 au lieu du 15 août 1769. Mais ce décalage temporel le fait naître citoyen génois et non plus français vu que la Corse n'est devenue française que le 15 août 1768 soit un an jour pour jour avant la naissance de Napoléon!
De plus, Napoléon se dit général en chef de l'armée de l'Intérieur ce qui n'est plus correct. Il se dit domicilié rue d'Antin, à l'adresse même de la mairie où le mariage a lieu alors qu'il réside rue Neuve-des-Capucines.
De son côté, Joséphine s'est rajeunie de quatre ans se disant née le 23 juin 1767 au lieu du 23 juin 1763, nouveau mensonge.
Du côté des témoins, on trouve le Capitaine Jean-François Le Marois qui né le 17 mars 1776 n'a pas encore vingt ans alors qu'il faut avoir atteint la majorité (21 ans) pour pouvoir être témoin.
Pour finir, ce n'est pas l'officier d'état civil Leclercq qui a prononcé le mariage car il était parti mais bien le Commissaire Collin-Lacombe. En effet, Napoléon est arrivé avec 2 heures de retard à son mariage qui eu lieu à 21h, ce qui explique le départ de l'officier d'état civil. Il faut savoir qu'il avait été nommé par le Directoire 7 jours plus tôt général en chef de l'armée d'Italie. Il avait donc pas mal de choses à régler. Il est d'ailleurs parti 2 jours plus tard pour prendre son commandement à Nice.
Sur base de tous ces éléments, on serait tenter d'affirmer que le mariage est nul!
Lors de la signature du contrat de mariage, la veille de l'événement, le notaire, Me Raguideau, avait déconseillé à Joséphine d'épouser ce général désargenté, en lui disant qu'il n'a que son épée. Heureusement qu'il ne faut pas toujours écouter les bons conseils...Joséphine s'est sans doute souvenue des prédictions d'une voyante en Martinique qui lui avait révélé qu'elle serait plus que reine.
Bonne petite maîtresse, moi avoir vu dans la nue grand condor monter bien haut avec rose dans son bec... Toi être Rose... Toi aussi malheureuse... Puis toi, reine... Puis grande tempête et toi mourir...
Napoléon lui offrira une bague au mariage dans laquelle il avait fait gravé Au destin.
Voici la retranscription du contrat.
Par devant les notaires à Paris soussignés, furent presens Napolione Buonaparte, général en chef de l’armée de l’Intérieur, demeurant à Paris, rue d’Antin…, originaire d’Ajaccio en Corse, fils de défunt Charles Buonaparte et de Letizien Ramolini, son épouse, actuellement sa veuve, stipulant pour lui et en son nom, d’une part, et Marie Josephe Rose Tascher, veuve d’Alexandre François Marie Beauharnois, duquel elle a deux enfans, Eugène et Hortense, demeurant à Paris, rue Chantereine…, la dite citoyenne née en l’isle Martinique du mariage de Gaspard Tascher, capitaine de Dragons et Rose Claire Des Vergers, son épouse, stipulant pour elle et en son nom, d’autre part, lesquelles parties, dans la vue du mariage proposé entre elles en ont arrêté les conditions civiles ainsi qu’il suit.
Article 1er. Il n’y aura aucune communauté de biens entre les futurs époux… en conséquence les futurs époux ne seront nullement tenus des dettes et hypothèques l’un de l’autre.
Article 2e. Chacun des futurs époux jouira à part et divisément des biens, droits et actions tant meubles qu’immeubles lui appartenant et pouvant lui appartenir par la suite à quelque titre et à quelque cause que ce soit et en quoi qu’ils puissent consister… la future épouse ne restant tenue de recourir à l’autorisation de son mari que pour les actes qui emporteroient aliénation de ses capitaux. Le futur époux autorise d’ailleurs la future épouse à continuer les fonctions de la tutelle qui lui a été déférée des deux enfans mineurs issus de son premier mariage…
Article 3e. Chacun des futurs époux contribuera pour moitié aux charges du mariage.
Article 4e. Le futur époux constitue à la future épouse un douaire de quinze cens livres de rente annuelle et viagère, valeur ancienne…
Article 5e. Arrivant la dissolution du mariage, la future épouse et ses héritiers reprendront : 1° les habits, linge, hardes, dentelles, argenterie, bijoux et diamants à l’usage personnel de ladite future épouse, 2° tous les meubles et autres objets mobiliers et quelqu’espèce qu’ils soient que la future épouse ou ses héritiers justifieront avoir été acquis par elle ou autrement lui appartenir.
Article 6e. La future épouse déclare et le futur époux reconnois que les meubles, linges, l’argenterie, et généralement tous les biens meubles corporels dont la future épouse est maintenant en possession appartiennent à la communauté qui a subsisté entre elle et son premier mari et qui a continué avec ses enfans, faute par elle d’avoir fait faire inventaire dans le délai prescrit par la loi. Que la future épouse fait actuellement procéder à cet inventaire et qu’il est sur le point d’être mis à fin. Qu’elle, future épouse, ne peut déclarer maintenant le montant de sa fortune parce que tout dépend de la question de savoir si elle acceptera la communauté ou si elle y renoncera, ce à quoi elle ne peut se déterminer qu’après la confection dudit inventaire…