Durant l'Empire, on parlait de cardinaux noirs et de cardinaux rouges, mais pourquoi? Quelles étaient leurs distinctions?
Cette distinction prend son origine au mariage de Napoléon avec Marie-Louise, le 2 avril 1810.
Dans le grand salon du Louvre qui avait été transformé en chapelle pour l'événement, des sièges avaient été réservés pour les cardinaux. Alors que ces derniers étaient pour la plupart présent 3 jours plus tôt à Saint-Cloud pour le mariage civil, seize cardinaux manquaient maintenant à l'appel dont trois s'étaient faits excuser car trop âgés ou malades, alors que les treize autres n'avaient justifié aucune raison de leur absence.
Napoléon, courroucé, reçut cette attitude comme un réel soufflet.
Ah! les sots!
Les raisons réelles de leur absence étaient dûes à la volonté de ne pas assister à un office religieux vu qu'à leurs yeux Napoléon et Joséphine étaient toujours mariés car le pape n'avait pas valider la dissolution de leur mariage.
Malgré tout, le lendemain 3 avril, les dits cardinaux se rendirent quand même aux Tuileries pour la cérémonie des révérences envers le couple impérial.
Après plusieurs heures d'attente, Napoléon leur fit signaler par huissier qu'il ne désirait pas recevoir les absents de la veille.
Puisqu'ils ne trouvent pas mon mariage bon, plus conséquent qu'eux, je ne veux pas qu'ils se damnent en présentant leurs hommages à ma concubine.
Les prélats durent se retirer, mais ne trouvèrent personne à leur sortie des Tuileries, Napoléon ayant fait renvoyer leur voiture et leur personnel. Ils durent donc se rendre à pied, avec leurs soutanes rouges et leurs manteaux de cérémonie, vers leur hôtel où ils étaient logés par la sollicitude de l'Empereur.
Le lendemain, le ministre des Cultes, Bigot de Préameneu, fit convoquer les cardinaux à son ministère pour le soir même. Ils apprirent alors la sanction que l'Empereur leur réservait: séquestre de leurs biens, scellés sur leurs meubles et pension supprimée. De plus, ils étaient placés sous la surveillance de la police. Malgré les suppliques de ces derniers, Napoléon resta inflexible.
Mais Napoléon leur réserva une dernière sanction. Un arrêté de police tomba 2 mois plus tard les dispersant dans des villes suffisamment distantes les unes des autres pour les empêcher de communiquer entre eux.
C'est ainsi qu'on les nomma alors les cardinaux noirs, car comme ultime injure, Napoléon leur interdisa de porter la pourpre ni aucun indice de leur qualité cardinalice.
