Mort d'un prince prussien

16/04/2016 22:59

Né prince prussien, Louis-Ferdinand est membre de la Maison de Hohenzollern et neveu de Frédéric II le Grand. Talentueux compositeur et élève de Beethoven, il excelle au piano. Il est aussi un excellent officier, farouchement anti-français.

En cette fin 1806, il est lieutenant-général d'un corps de 8.500 hommes à l'avant-garde des troupes prussiennes pour faire face aux troupes impériales françaises qui menacent son pays. Le 10 octobre 1806, il va rencontrer son destin à la bataille de Saalfeld, prélude aux batailles d'Iéna et Auerstadt 4 jours plus tard.

Vers 14h30, Lannes, à la tête du Ve Corps, lance toute la division Suchet pour forcer la décision. Les Prussiens sont partout repoussés, c'est alors que le prince se met à la tête de sa cavalerie et charge courageusement. Mais les Prussiens ne font pas le poids et bientôt le Prince Louis, en tentant de rallier des fuyards, est poursuivi par quelques hussards du 10e. Au passage d'une haie, son cheval s'entrave dans les branches, ce qui permet au Maréchal des logis Jean-Baptiste Guindey de le rejoindre et de lui barrer la route lui sommant de se rendre.

Rendez-vous, général, ou vous êtes mort !

Ce à quoi le prince lui aurait répondu:

Sieg oder Tod! (la victoire ou la mort) ou selon d'autres sources: Moi, me rendre? Jamais!

D'un coup de sabre, Louis-Ferdinand taillade le visage du hussard Guindey qui en retour lui administre un coup de sabre lui fendant le crâne puis un coup mortel à la poitrine, l'étendant raide mort. Les ordonnances du prince fondent sur le hussard qui ne doit son salut qu'à l'arrivée opportune d'un camarade qui abat un ennemi d'un coup de pistolet et fait fuir les autres Prussiens. Croyant avoir eu affaire à un simple officier supérieur prussien, Guindey découvre par la richesse de ses habits et de ses décorations qu'il s'agit d'un dignitaire de haut rang et regrette alors de l'avoir occis.

Pour ce fait d'armes, il sera décoré de la Croix de la Légion d'Honneur par le Maréchal Jean Lannes en personne à qui l'Empereur lui dit:

Je l'eusse fait de plus officier s'il m'eût amené le Prince vivant.

Ce à quoi le hussard répondit:

Monsieur le maréchal, voyez comme il m'a arrangé, je vous assure bien qu'il n'était pas d'humeur à se laisser faire !

Eu égard à son rang et à sa vaillance, le Maréchal Lannes fit rendre les honneurs au prince et son corps fut déposé dans le tombeau des princes de Cobourg à Saalfeld. Bientôt la nouvelle de la mort du Prince Louis se répandit dans les rangs de l'armée française et fut célébrée par une chanson:

C'est le prince Louis-Ferdinand
Qui se croyait un géant,
Ah ? l'imprudent !
Un hussard, bon là !
Lui dit : " N'allez pas si vite
Ou bien, sinon ça,
Je vous lance une mort subite
À la papa."

Quant à notre bouillant hussard, il gravira les échelons pour finalement devenir officier et entrer comme lieutenant dans la prestigieuse Garde Impériale chez les Grenadiers à Cheval en 1811. Il rencontrera à son tour son destin le 30 octobre 1813, à la bataille de Hanau, dans la charge de la Garde Impériale qui permettra aux restes de l'armée impériale, en retraite, d'échapper à l'encerclement des coalisés. On retrouvera le corps sans vie de Guindey le soir sur le champ de bataille, lacéré de coups de sabre, au beau milieu d'une demi-douzaine de cadavres de chevau-légers bavarois, à qui il avait fait chèrement payer sa mort. Il avait à peine 28 ans.

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Frank Grognet Nivelles
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