Le spectacle d'un champ de bataille au lendemain de l'affrontement est dantesque et la tâche est ardue et longue pour débarrasser les lieux des corps des soldats et des carcasses des chevaux morts qui jonchent le sol. Sur une surface d'environ 550 hectares, gisent pêle-mêle près de 45.000 tués et blessés et près de 10.000 chevaux fauchés par la bétise des hommes.
On faisait alors appel aux enfouisseurs.
Il s'agissait de paysans du coin qui ramassaient les morts pour les amener aux fosses communes pour leur ensevelissement ou au bûcher pour les carcasses des chevaux.
Ils munissaient deux chevaux de traits de longues cordes auxquelles ils attachaient de lourds hameçons pour capturer les dépouilles et faire traîner leur triste chapelet de cadavres jusqu'à la fosse commune ou au bûcher, à raison de 60 centimes la pièce. Parfois les cadavres humains étaient également brûlés comme à la ferme d'Hougoumont.
Il n'était pas rare que certains des soi-disants cadavres s'avéraient être des blessés malencontreusement pris dans cette pêche macabre. Quand on faisait alors remarquer à ces enfouisseurs leur méprise, ils répondaient tout naturellement:
Comment cela, pas morts? Mais si on vous écoutait tous, il n'y aura personne de mort ici!