Vas pour l'Autrichienne!
Le 30 novembre 1809, c'est la mort dans l'âme que Napoléon est contraint d'informer sa bien-aimée Joséphine qu'il désire divorcer, ne pouvant obtenir d'elle un héritier nécessaire à la continuité de sa dynastie naissante. La scène est déchirante, Joséphine le supplie, mais sa décision est prise, elle s'évanouit. On verra le lendemain les amants se promener bras dessus bras dessous sous une pluie battante dans le parc. Le divorce sera prononcé officiellement le 15 décembre 1809.
Reste maintenant à choisir l'heureuse élue dans le panel de princesses à marier parmi les dynasties régnantes. Deux candidates sont retenues parmi les anciens ennemis de Napoléon: Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, 18 ans, fille de l'empereur d'Autriche, Archiduchesse d'Autriche, Princesse de Hongrie et de Bohême, et Anna Pavlovna, 14 ans, sœur de l'empereur de Russie et Grande-duchesse de Russie.
Nous savons tous que finalement l'Empereur portera son dévolu sur l'Autrichienne à l'instar de Louis XVI qui convola en justes noces avec la tante de Marie-Louise, Marie-Antoinette. Mais pourquoi ce choix?
L'histoire raconte que la dynastie des Romanov, et plus précisément l'Impératrice douairière, Maria Fedorovna, mère du tsar et de la grande-duchesse envisageait avec horreur que sa fille puisse épouser le parvenu corse, l'ogre français. Elle laissa toutefois à son fils Alexandre le soin de décider des intérêts politiques d'un tel mariage. Contre ce mariage, le Tsar Alexandre Ier tarda toutefois à répondre. Voulant éviter un refus humiliant, l'empereur des Français porta son choix sur l'archiduchesse.
Une autre raison qui a amené l'Empereur à décider est plus pratique et nettement moins romantique. Âgée de seulement 15 ans, la grande-duchesse Anne n'était pas encore réglée. Il y avait donc un risque qu'elle ne soit pas féconde alors que l'Empereur est (une nouvelle fois) pressé d'avoir un héritier et qu'il a déjà de son côté 41 ans. En effet, certaines filles restent parfois deux longues années infécondes après les premiers signes de nubilité et l'Empereur n'était pas prêt à prendre ce risque
Napoléon fit part de sa décision à la Russie dans un courrier qui croisera finalement celui du tsar, dont il en donna les instructions à son Ministre Champagny:
Demain au soir, quand vous aurez signé avec le prince Schwarzenberg, vous en expédierez un second pour faire connaître que je suis décidé pour l'Autrichienne.
La Grande-duchesse Anna se verra offrir une seconde chance avec un prince français en 1814 quand son frère, le Tsar Alexandre Ier, envisagera de l'unir au duc de Berry, fils du comte d'Artois, futur Charles X, mais ici c'est le Roi Louis XVIII, oncle du duc de Berry, qui trouva que la dynastie des Romanov n'était pas digne d'épouser la dynastie Bourbon. Et toc!
La grande-duchesse devra finalement se contenter en 1816 du prince calviniste d'Orange qui était un mariage moins prestigieux, peu politique et très austère.