Intoxication britannique

22/11/2015 14:18

Un sombre capitaine anglais a injustement accablé les troupes hollando-belges les faisant passer pour des lâches à l'égard des alliés durant la bataille de Waterloo. Il s'agit de William Siborne (1797-1849), militaire britannique qui s'essaya à un ouvrage sur la bataille de Waterloo (History of the War in France and Belgium in 1815, Londres, 1844) qu'il effectua lors de la réalisation dans les années 1830 de son diorama de la bataille qui est conservé au National Army Museum de Londres.

Tout part de la méfiance supposée de Wellington à l'égard des troupes hollando-belges qui avait été suscitée par les rapports de Fouché transmis au duc lors du retour de l'Empereur qui annonçaient une recrudescence d'enrôlement des troupes hollandaises et belges dans les rangs français. Il n'est donc pas étonnant que Wellington ait été méfiant vis-à-vis des troupes du royaume dans ses rangs craignant leur passage à l'ennemi à tout moment ou du moins leur manque de fidélité et d'enthousiasme à la tâche.

Mais il n'en fut rien. Aucune troupe batave ou belge n'est passée à l'ennemi ni n'a fuit durant la bataille mais s'est comportée correctement lors de l'affrontement. C'est même un général hollandais, le Général Chassé, autrefois sous commandement français qui a participé à arrêter le dernier assaut de la Garde en fin de journée en amenant une batterie qui mit en désordre les grenadiers français et en ordonnant une attaque à la baïonnette au moment où la ligne alliée fit son mouvment vers l'avant.

A aucun moment dans sa démarche prétendue historienne, ce peu recommandable M. Siborne n'a consulté d'autres sources que des sources britanniques partiales et n'a jamais lu de sources hollandaises ou belges ni interrogé des soldats de Waterloo ressortissants de ces contrées. Il a fallu attendre 20 ans après la parution de son ouvrage pour que des voix discordantes s'élèvent également Outre-Manche. Toutefois Wellington a toujours été très critique à l'égard des prises de position de Siborne. Ce dernier a aussi réussi à se mettre les Prussiens à dos au sujet de la position de leurs troupes sur sa maquette.

Siborne a péché par méthodologie car les témoignages qu’il utilise sont univoques et partiaux. Il s'est basé sur ces derniers pour faire un ouvrage synthétique historiquement incorrect.

Enlevez donc cet ouvrage de votre bibliothèque s'il s'y trouve encore!

Laissons le dernier mot à Wellington:

L’histoire d’une bataille, c’est un peu comme celle d’un bal. Certains peuvent se souvenir de tous les petits faits dont le grand résultat est la bataille gagnée ou perdue, mais personne ne peut se souvenir de l’ordre et du moment exact où ils sont advenus, et c’est précisément cela qui fait toute la différence.

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Frank Grognet Nivelles
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