Horrible échauffourée

28/12/2016 18:33

Alors qu'il laisse près de 5 000 morts, 18 000 blessés, 9 000 prisonniers, 220 canons et 2 drapeaux dans les plaines brabançonnes, Napoléon reste confiant sur sa destinée après la terrible déroute de Waterloo.


Napoléon à la bataille de Waterloo, Musée des Beaux-Arts de Montréal

Dans une lettre qu'il écrit de Philippeville le 19 juin 1815 à sa frère Joseph, ancien roi de Naples puis d'Espagne, Napoléon a encore le fol espoir de retourner la situation.

Tout n’est point perdu. Je suppose qu’il me restera, en unissant mes forces, 150 000 hommes. Les fédérés et les gardes nationaux qui ont du cœur me fourniront 100,000 hommes; les bataillons du dépôt, 50 000. J’aurais donc 300 000 soldats à opposer de suite à l’ennemi. J’attellerai l’artillerie avec des chevaux de luxe; je lèverai 100 000 conscrits ; je les armerai avec les fusils des royalistes et des mauvaises gardes nationales; je ferai lever en masse le Dauphiné, le Lyonnais, la Bourgogne, la Lorraine, la Champagne, j’accablerai l’ennemi; mais il faut qu’on m’aide et qu’on ne m’étourdisse point. Je vais à Laon: j’y trouverai sans doute du monde. Je n’ai point entendu parler de Grouchy; s’il n’est point pris, comme je le crains, je puis avoir dans trois jours 50 000 hommes. Avec cela j’occuperai l’ennemi, et je donnerai le temps à Paris et à la France de faire leur devoir. Les Autrichiens marchent lentement; les Prussiens craignent les paysans et n’osent pas trop s’avancer; tout peut se réparer encore. Écrivez-moi l’effet que cette horrible échauffourée aura produit dans la Chambre. Je crois que les députés se pénétreront que leur devoir, dans cette grande circonstance, est de se réunir à moi pour sauver la France. Préparez-les à me seconder dignement; surtout du courage et de la fermeté.

Certains témoins atteste qu'ils l'ont vu pleurer au coin d'un feu de camp...

Il arrive, épuisé, le 21 juin au palais de l’Élysée, il demande un bain et du repos. Sous la pression des deux Chambres, il abdique dès le lendemain en faveur de son fils le roi de Rome, âgé de 5 ans.

Déclaration au peuple français rédigée le 22 juin 1815

Français! en commençant la guerre pour soutenir l'indépendance nationale, je comptais sur la réunion de tous les efforts, de toutes les volontés, et le concours de toutes les autorités nationales. J'étais fondé à en espérer le succès, et j'avais bravé toutes les déclarations des puissances contre moi. Les circonstances paraissent changées. Je m'offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France. Puissent-ils être sincères dans leurs déclarations, et n'en avoir jamais voulu qu'à ma personne! Ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils sous le titre de Napoléon II, empereur des Français. Les ministres actuels formeront provisoirement le conseil de gouvernement. L'intérêt que je porte à mon fils m'engage à inviter les chambres à organiser sans délai la régence par une loi. Unissez-vous tous pour le salut public et pour rester une nation indépendante.

NAPOLÉON.

Le représentant du gouvernement provisoire, Joseph Fouché, lui suggère alors de quitter Paris dans l'espoir d'une fuite aux États-Unis. L'ancien ministre de la Police de l'Empereur veut surtout qu'il libère la place au plus vite car il a déjà négocié avec les vainqueurs...

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Frank Grognet Nivelles
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