Gauche, droite!
Le petit Tondu gagne ses batailles avec nos jambes!
Il est certain qu'un soldat de l'Empereur a certainement dit cela quand on sait que ces hommes ont parcouru durant l'épopée des milliers de kilomètres de Paris à Moscou ou de Bruxelles à Madrid.
Il toutefois étonnant de constater que les chaussures qui étaient mises à disposition des troupes étaient loins d'être confortables. Elles sont basses et ne maintiennent pas la cheville. De plus, elles sont unies pied c'est-à-dire qu'elles sont identiques à gauche et à droite; c’est la marche qui façonnera la chaussure. Le soldat peut aussi choisir entre trois tailles : petite, moyenne ou grande. Le soulier pèse près d'un kilogramme.
Le soulier est fait de cuir de vache fermé à l'aide d'un seul lacet qui remplaçait les boucles et rubans d'antan. La semelle est aussi en cuir cloutée de 70, 60 ou 50 clous selon la taille. Le talon est renforcé de chevilles de fer. L'intendance certifiait qu'une paire de souliers ainsi conçue pouvait être portée durant 1.000 kilomètres, mais en pratique ont été loin du compte.
Le fameux Capitaine Coignet disait qu'une paire de chaussures s'use de Fontainebleu à Poitiers. On trouve d'autres témoignages qui disent qu'une paire de souliers était finie en dix jours seulement. A l’armée du Nord, ils ne résisteront pas six heures! Les lacets ne tiennent pas ainsi que les coutures, les semelles sont déchirées par les pierres, les soldats les perdent dans la boue, un vrai cauchemar.
En réalité, malgré l'attention particulière apportée par certains chefs aux pieds de leurs soldats, les souliers ne tiendront pas plus de 300 kilomètres en campagne. Or vu qu'une journée de marche est en moyenne de 40 kilomètres, les soldats marchaient environ une semaine, pour se battre les pieds nus.