Entre Weimar et Leipzig
En 1806, en Prusse, la haine du Français grandit de jour en jour. Alors que l'Autriche est réduite au silence, les Prussiens narguent les Français et haranguent leur troupe. On connait l'épisode des officiers prussiens venant aiguiser leur sabre sur les marches de l'ambassade de France à Berlin. Alexandre Ier, Tsar de toutes les Russies et Frédéric-Guillaume III, Roi de Prusse se rencontrent à Potsdam et jurent sur le tombeau du grand Frédéric de ne se séparer qu'après avoir anéanti la France. La Quatrième coalition voit alors le jour avec la Prusse, la Russie, la Suède, la Saxe et le Royaume-Uni qui mobilisent leurs troupes dès le 9 août.
Sûrs de leur victoire, ils intiment à Napoléon le 4 octobre, un ultimatum lui demandant de se retirer sur la rive gauche du Rhin endéans les 4 jours. La réaction de l'Empereur est immédiate:
Soldats ! L'ordre de votre rentrée en France était déjà donné, des fêtes triomphales vous attendaient. Mais des cris de guerre se sont fait entendre à Berlin. Nous sommes provoqués par une audace qui demande vengeance.
Huit jours plus tard la campagne de Prusse est terminée avec les victoires cinglantes d'Iéna et d'Auerstaedt. Ces victoires sont totales et précipitent la déroute de l'armée prussienne qui n'en revient toujours pas.
Ces défaites vont déclencher la création d'un violent nationalisme allemand qui verra son apogée avec l'unification de la nation allemande dans la seconde moitié du XIXe siècle. En effet, la défaite d'Iéna provoquera un profond traumatisme au sein de l’élite prussienne et allemande qui va les pousser à repenser complètement la vieille Allemagne afin de rivaliser avec la France hégémonique de l'époque. A la fois humiliés et fascinés par l’occupation française, le nationalisme allemand abhorrera à la fois les principes de la Révolution et de l'Empire français mais se nourrira également de son libéralisme. C'est comme cela que le fameux Otto von Bismarck, grand contributaire à l'unification allemande, lors de la proclamation de l'Empire allemand dans la galerie des glaces de Versailles en 1871 dira:
Sans Iéna, pas de Versailles.
Bismarck apparait en uniforme blanc au milieu d'un aéropage de généraux dans le tableau d'Anton von Werner daté de 1885 Proclamation de l'empire allemand .