Ecœurement incoercible
Napoléon était-il osmophobe (hypersensibilité aux odeurs) à la peinture?
Apparemment oui, car plusieurs sources primaires le relatent comme ici le Comte de Las Cases dans son Journal de la vie privée et des conversations de l'Empereur Napoléon:
Le Grand-Maréchal et M. Gourgaud nous ont rejoints: ils arrivaient de Longwood. L'Amiral, depuis quelques jours, était fort pressé de nous y envoyer; l'Empereur n'était pas moins désireux de s'y rendre; il était so mal à Briars! Toutefois il fallut que l'odeur de la peinture le lui permît: il était impossible à son organisation particulière de la supporter; jamais, dans les palais impériaux, il n'était arrivé de l'y exposer. Souvent, dans ses voyages, on avait été obligé de changer à la hâte les logements qu'on lui avait préparés. A bord du Northumberland, il avait été malade de la seule peinture du vaisseau. Ici on lui avait dit la veille que tout était prêt, qu'il n'y avait plus d'odeur. Il avait dès-lors, résolu de partir pour Longwood le surlendemain samedi.
On retrouve encore un autre témoignage issu des Détails anecdotiques sur Napoléon recueillis pendant son séjour aux Briars à Sainte-Hélène par Mademoiselle Éliza Balcombe prénommée Betsy.
Un jour ou deux avant son départ [pour Longwood], le général Bertrand vint lui annoncer que Longwood sentait si fort la peinture qu'il n'y avait pas moyen d'y habiter.
Je n'oublierai jamais l'accès de fureur dont fut saisi Napoléon. Il allait et venait à grands pas sur la pelouse; il gesticulait avec violence; sa colère était si grande qu'il en était presque suffoqué. Il déclara que l'odeur de la peinture lui était très nuisible, que jamais il n'habiterait une maison où cette odeur existait, qu'il enverrait signifier à l'amiral son refus de se rendre à Longwood.