L'eau est un élément essentiel à la vie et sans elle, le corps se déshydrate et meurt lentement.
En campagne, il n'était pas toujours facile de disposer de sources d'eau pure exemptes de bactéries infectieuses, c'est pourquoi les armées de Napoléon avaient recours à deux solutions.
Tout d'abord, le vinaigre. Cet élément très simple est un puissant désinfectant et son utilisation remonte déjà à la Rome antique. Partout où ils allaient, les soldats romains ajoutaient du vinaigre à leur eau de consommation pour la désinfecter. Tout agent infectieux présent dans l'eau était tué et de plus, le vinaigre agissait comme un tonique énergisant. Par la suite, durant le Moyen Âge, on l'utilisait pour combattre plusieurs maladies comme la peste bubonique. Plus tard et jusqu'à la fin de la Première Guerre Mondiale, les soldats utilisèrent le vinaigre de cidre de pomme comme désinfectant pour nettoyer et désinfecter leurs blessures.
Donc les soldats napoléoniens ne dérogèrent pas à la règle et il était conseillé en campagne d'ajouter du vinaigre dans les eaux qui devaient être consommées. On peut lire ainsi dans un recueil de mémoires de la campagne de Russie:
En cette saison, le soleil faisait rage près de dix-huit à vingt heures par jour, et l'on souffrait cruellement du manque d'eau dès que l'on s'écartait des rivières. Les marécages qui auraient pu désaltérer les bêtes s'étaient asséchés. Autour des puits, dans les villages, on se battait pour avoir de l'eau et les derniers seaux tirés ne recueillaient que de la boue. Dans certains corps, les hommes en étaient réduits à faire des trous dans le sol avec leurs baïonnettes dans l'espoir d'atteindre un peu de terre humide. En Russie, les eaux diminuent tellement pendant l'été qu'une partie de celles qui sont courantes devient stagnantes, s'imprègnent de débris de toutes sortes et se font malsaines. La typhoïde causa des ravages. Ce n'est pas que l'on ne fût pas conscient des dangers de boire de l'eau douteuse. Si on ne savait pas encore qu'il fallait prendre la précaution de la faire bouillir, du moins s'efforçait-on de la désinfecter en y ajoutant du vinaigre ou de l'eau-de-vie. Mais l'un et l'autre manquaient. Davout, toujours prudent et sourcilleux, donnait l'ordre de filtrer l'eau dans un entonnoir doublé d'un tissu et rempli de charbon. Mais il était le seul à le faire.
Mais, comme à leur habitude, les Français avaient trouvé une meilleure solution au problème de l'eau en la remplaçant par... du pinard!
Depuis la Révolution française, et en particulier durant l’époque napoléonienne, tous les soldats français en campagne boivent régulièrement du vin. La pratique va s’institutionnaliser, les autorités militaires vont progressivement l’accepter, l’encadrer, la réglementer, pour finalement l’encourager lors du conflit de 1914-1918. Ainsi, au cours du XIXe siècle, le soldat français, qui auparavant se procurait son propre vin de manière plus ou moins licite, va être approvisionné par l’armée. La ration réglementaire de chaque soldat français encore à l'heure actuelle est d’un demi-litre de vin par jour. Avec le vin, plus de problème de bactéries!
Réserve de vin durant le conflit 1914-1918