Culottée la duchesse!

11/11/2015 16:05

Après la victoire décisive d'Iéna en 1806, l’armée française se dirige vers la ville de Weimar, si chère à l'écrivain Goethe.

Les membres de la famille régnante s'enfuirent car ils craignaient la vengeance du vainqueur étant donné que le Duc Charles-Auguste de Saxe-Weimar-Eisenach (1) servait dans l’armée prussienne. Seule la Duchesse Louise de Hesse-Darmstadt se résolut à ne pas abandonner sa capitale et fit préparer les grands appartements pour l'Empereur dans son palais où elle se retira avec ses dames.

Dès que Napoléon arriva dans sa demeure, la duchesse l'attendait cérémoniellement en haut du grand escalier afin de le recevoir dignement.

Qui êtes-vous? lui dit Napoléon en la voyant.

Je suis la duchesse de Weimar.

En ce cas, je vous plains, car j'écraserai votre mari.

Il se retira alors sans délicatesse dans l’appartement qui lui était destiné.

Ayant appris que le pillage de sa ville avait commencé, la duchesse envoya à l’Empereur le lendemain un de ses chambellans pour s'informer de sa santé et lui demander une audience. Charmé par la démarche, Napoléon l'invita à déjeuner.

Comment votre mari, madame, a-t-il pu être assez fou pour me faire la guerre?

Votre majesté l'aurait méprisé, s'il eût agi autrement.

Pourquoi cela?

Mon époux a passé trente ans au service de la Prusse. Ce n'est pas au moment où le roi avait à lutter contre un ennemi aussi puissant que votre majesté, que le duc pouvait l’abandonner avec honneur.

Mais, comment se fait-il que le duc se soit attaché à la Prusse?

Votre majesté ne peut ignorer que les branches cadettes de la maison de Saxe ont toujours suivi l’exemple de l'électeur. Or, la politique de ce prince, l’ayant engagé de s'allier avec la Prusse plutôt qu'avec l’Autriche, le duc n'a pu se dispenser d'imiter le chef de sa maison.

Napoléon poursuivit la conversation étant de plus en plus séduit par la duchesse qui continuait à montrer autant de ressources dans l’esprit que d'élévation dans l’âme.

Madame, vous êtes la femme la plus respectable que j'aie jamais connue; vous avez sauvé votre mari. Je lui pardonne; mais c'est à vous seule qu’il le doit.

Napoléon fit dans le même temps cesser le pillage de la ville et assura l’existence du duché de Weimar par un traité, ordonnant que ce dernier soit remis en mains propres à la duchesse.

(1) Pour la petite histoire, le duc est à l'origine de la race canine du magnifique braque de Weimar.

Contact

Frank Grognet Nivelles
Belgique
hussardises@gmail.com