Napoléon était boulimique de lecture. Il adorait lire les livres anciens ou ceux des philosophes, entre autres durant les longs déplacements qu’occasionnait son activité de chef d’État et de chef militaire.
En 1807, Antoine Barbier, bibliothécaire du Conseil d'État devint son bibliothécaire attitré. C’est au mois de juillet 1808 qu’il fit demander à ce dernier le plan d'une bibliothèque portative d'un millier de volumes qui devait se composer comme suit:
- 40 volumes de religion;
- 40 des épiques;
- 40 de théâtre;
- 60 de poésies;
- 100 de romans
- 60 d'histoire.
Le reste pour arriver à mille, serait rempli par des mémoires historiques de tous les temps.
Parmi les ouvrages de religion, Napoléon réclamait avant tout les Deux Testaments, le Coran, une histoire de l’Église. Les épiques devaient être Homère, Lucain, Le Tasse, Télémaque, La Henriade. Pour les tragédies il ne fallait mettre de Corneille que ce qui est resté; ôter de Racine les Frères ennemis, Alexandre, les Plaideurs; de Voltaire, ne donner que ce qui est resté. Rien de Molière.
Comme histoire, de bons ouvrages de chronologie et les principaux originaux anciens: l'Esprit des Lois, la Grandeur des Romains; ce qu'il est convenable de garder de l'histoire de Voltaire.
Parmi les romans la nouvelle Héloïse, les Confessions, Richardson, Lesage, Les Contes de Voltaire.
Napoléon recommande bien qu'on ne mette de Rousseau ni l'Emile, ni les lettres, mémoires, discours et dissertations inutiles; même observation pour Voltaire.
Le projet de 1808 ne fut jamais mis à exécution et ce n'est qu'en 1809 en partant pour la campagne d'Autriche que Napoléon emporta dans ses bagages quelques caisses qui peuvent être considérées comme la première ébauche de cette bibliothèque de campagne tant réclamée.
Ce n’est qu’en 1812 lors de la campagne de Russie que la bibliothèque de campagne fut enfin constituée, mais elle fut brûlée en grande partie durant la terrible retraite et le reste tomba aux mains des Russes.