Auberge de la somnolence

25/07/2015 20:31

Lors de sa marche triomphale en début de campagne de Belgique, Napoléon balaie tout sur son passage.

Les avant-gardes prussiennes, surprises, sont balayées. L'armée impériale marche sans délai sur Charleroi. Arrivés devant la forteresse, ils marquent un temps d'arrêt. Sans doute sont-ils impressionnés par la forteresse qui se dresse devant eux. Profitons-en pour faire un peu d'histoire et relater la création de la ville de Charleroi.

Nous sommes au XVIIe siècle et la région fait partie des Pays-Bas espagnols. Apprenant le souhait du royaume de France d’augmenter ses possessions dans la région de l’Entre-Sambre-et-Meuse en compensation du non-paiement par Philippe IV d'Espagne de la dot de l'infante d'Autriche Marie-Thérèse au roi Louis XIV, les autorités espagnoles décident de renforcer leur ligne de défense en érigeant une nouvelle forteresse sur la Sambre. Leur choix se porte sur le petit village de Charnoy qui présente des atouts non négligeables: éperon rocheux dominant la vallée de la Sambre avec une vue imprenable sur le sud, dénivelé naturel à l'est et l'ouest permettant de défendre le plateau et finalement situation idéale entre Mons et Namur. La forteresse est construite en 1666 en hommage au nouveau roi d'Espagne, Charles II, seulement âgé de 5 ans, successeur de son père Philippe IV. Le village de Charnoy disparait pour faire place à la ville de Charles-Roy.

Mais revenons en juin 1815 sur le pont de la Sambre qui vient juste d'être franchi par les troupes françaises qui envahissent et prennent la ville. Les cavaliers de Pajol sont en première ligne et bousculent tout sur leur passage. Napoléon les suit de peu et, fourbu, s'arrête avec son état-major dans une guinguette appelée Belle-Vue. Il s'assied quelques instants sur une chaise en face de l'établissement pour regarder passer ses troupes. Les bonnets à poils et les shakos sont mis au bout des baïonnettes aux cris de Vive l'Empereur! L'enthousiasme est frénétique et des soldats sortent des rangs pour venir embrasser le cheval de leur empereur.

Mais tout ce brouhaha n’empêchera pas l'Empereur de s'assoupir, ce qui vaudra à la Belle-Vue de se voir affublée du surnom d’Auberge de la Somnolence.

Contact

Frank Grognet Nivelles
Belgique
hussardises@gmail.com